Croatie
La Croatie en 5 actes
Acte 1 : le Nord de la Croatie en septembre
Vendredi 29 septembre : Donafalva (Hongrie) – Kopacki rit (Croatie)
On se réveille dans le jardin de Sylvia et Robert. Ils nous ont laissé la clé de la maison. Ils la laissent toujours sur la porte de toute façon. Eux sont partis tôt au travail. Hier soir, ils nous ont donné des bonnes pommes de leur jardin, des poires et des confitures aussi. Joseph et Noé profitent encore un peu des chatons. On laisse sur la table de la cuisine un petit mot pour leur dire notre gratitude.
Nous revoilà sur la route, le cœur plein d’émotions, direction la Serbie et la Croatie. Eh oui, aujourd’hui, nous passons deux frontières !
Nous pourrions rester en Serbie, sur la rive gauche du Danube mais ça nous priverait d’une région tout au Nord de la Croatie, la Slavonie, dans laquelle j’ai repéré un Parc Naturel : Kopacki Rit. On s’arrête dans une épicerie dépenser nos derniers Forints hongrois. Les garçons ont eu leur première boîte de claque-doigts, ils sont tout foufous. On rencontre des Suisses et des Autrichiens installés là pour vivre plus à l’aise avec leur maigre retraite. L’aspiration à mieux vivre est universelle !
[commentaire de Manu] Il y a aussi une migration des pays les plus développés économiquement vers les moins développés : celle des retraités aux petites pensions… Les retraités vont là où c’est bon marché et les actifs vont là où il y a du travail… [fin du commentaire].
La frontière hongroise est hérissée d’une triple rangée de barbelés qui fait froid dans le dos. L’entrée en Serbie impressionne les garçons : le douanier entre dans Slowpy, ils sont presque au garde-à-vous ! Nos passeports nous reviennent tamponnés. C’est étrange pour nous quarantenaires européens de vivre le contrôle, la frontière, la douane. On avait presque oublié que ça existe. Ressentir un instant le stress de celui qui demande à entrer mais bien protégés par nos passeports français. Deuxième contrôle à l’entrée en Croatie. On file à Osijek visiter la citadelle (construite par les Habsbourg et épargnée par la guerre) et retirer des kunas à la banque, nouvelle occasion de faire des maths pratiques avec les garçons ! On remarque les traces de la guerre de 1991 : il reste des murs criblés de traces de balles, ça refroidit.
On arrive dans le Parc naturel à la fin du jour et on a la chance de faire une belle balade aménagée sur des pontons au-dessus du marais. Des milliers d’oiseaux migrateurs passent par là, nous espérons en voir ! Le crépuscule est sonore ici : on a droit à un concert d’oiseaux et de grenouilles impressionnant sur le lac Sakadas.
Toujours curieux de cette recette de cuisine au chaudron, on pousse la porte de l’auberge du Cormoran. La préparation est assez longue mais ça en vaut la chandelle ! On nous sert un succulent bouillon de paprika dans lequel ont cuit des morceaux de carpe et de brochet, accompagné de pâtes fraîches maison qu’on ajoute dans l’assiette. Les garçons ont opté pour de la carpe panée. Je redoutais un vieux goût de vase mais non, c’est vraiment fin.
Dans la salle, il y aussi une tablée de gaillards truculents. On pouffe de rire en les voyant se nouer autour du cou une sorte de grand bavoir rose avant d’attaquer la marmite de soupe. Par-dessus ça, ils ingurgitent un plat gargantuesque de poissons, à une vitesse redoutable. Puis ils prennent leurs instruments de musique, s’accordent et partent jouer dans une autre salle.
On irait bien les rejoindre mais le serveur nous explique que c’est une soirée privée. Leur musique semble nostalgique, on imagine qu’elle raconte l’amour du pays, les souvenirs, les amours passés. On rentre se coucher et on s’endort en les écoutant de loin. Le patron nous a autorisés à rester sur son parking pour la nuit.
Samedi 30 septembre : parc Kopacki Rit
On fait un petit bout de route pour commencer un peu plus loin une balade à vélo.
[Commentaire de Manu] Lors de la balade, je casse ma chaîne de vélo et on perd le saucisson ! Pause obligatoire, heureusement j’ai le matériel pour réparer ma chaîne et en revenant vers l’eau pour me laver les mains, je retrouve le saucisson ! Plus tard, je me trompe sur la carte et on se retrouve sur un chemin difficilement praticable, l’heure avance et l’angoisse monte. Heureusement, on s’en aperçoit et on fait demi-tour à temps. [fin du commentaire]
Dans un champ, on découvre émerveillés une colonie d’oies sauvages. Elles sont des milliers à prendre une pause sur leur longue route vers l’Afrique. Dans la journée, nous aurons aussi la chance de voir des aigles. Je savoure toute la journée le soleil radieux. Manu, lui, s’éclate avec son appareil photo. Le soir venu, les hommes partent à la pêche. Nos p’tits gars se débrouillent de mieux en mieux. Pendant ce temps, je savoure le silence en préparant quelques travaux scolaires.
En se couchant, on pense aux mines : le guide recommande de ne pas s’éloigner des chemins balisés car il reste encore des mines dans les forêts depuis la guerre. L’horreur de la guerre paraît irréelle : comment tout cela est-il possible ?? En tout cas, on est sagement resté sur les pistes. Les garçons se souvenaient très bien de l’exposition sur les mines du ballon des Vosges…
Dimanche 1er octobre : Kopacki rit – Ilok
D’abord, un peu d’école. On essaie de se caler sur le rythme des copains. Les maîtresses des garçons nous envoient régulièrement des mails pour nous dire où elles en sont et partager leurs documents. Ce temps qu’elles prennent pour les enfants nous touche ! En voyage, il y a maths les lundis et mardis, français les mercredis et jeudis et tout le reste les autres jours. Mais en réalité, tout se rencontre et interfère au quotidien. Les apprentissages sont très concrets. Bon, avec le beau temps, les visites, les rencontres, la route etc, lundi devient vite mercredi ! Objectif ; avoir fait le travail de la semaine quand le dimanche arrive !
Ensuite, on quitte le Parc. Un dernier serpent sur la route, ça faisait longtemps ! Je crois que j’en ai vu plus en deux semaines qu’en 20 ans !! Quand j’arrive à les repérer à l’avance, ça va, j’arrive à les observer, les photographier pour ensuite chercher dans nos livres. Mais bon sang, qu’est-ce que je n’aime pas quand ils déboulent dans mes pieds sans prévenir !!! Je sens alors l’appréhension prendre le dessus… C’est mon papa qui serait heureux ici, lui il adore les reptiles !
Nous voilà arrivés à Vukovar. On sait que c’est là que les habitants ont le plus longtemps résisté quand la guerre a éclaté en 91 mais on prend l’horreur de la guerre en pleine tête quand même. J’ai des souvenir d’avoir vu ça aux infos quand j’étais petite, un certain Milosevic, les charniers. C’était loin mais je ne comprenais pas tous ces massacres. On visite le mémorial d’Ovcara.Read More