Le Kosovo du 24 au 30 mars par Véro
Le Kosovo par Véro
Un an de voyage en famille à travers l’Europe ! Du 24 au 30 mars on visite le Kosovo après la Macédoine et avant l’Albanie du nord. Decouvrez avec nous un sanctaire d’ours, les tensions ethniques encore présentes à Mitrovica, la belle vallée de la Rugova, une hospitalité chaleureuse dans un monastère sous protection de la KFOR !
Présentation de la République du Kosovo
Monnaie: euro
Capitale: Pristina
Superficie: 10887km2
Population: 1,8millions d’habitants dont 91% d’Albanais, 7% de Serbes et autres ethnies 2% (Turcs, Roms, Ashkalis, Egyptiens, Bosniaques, Goranis)
Densité: 197 habitants/km2
Histoire récente:
Depuis 1945, le Kosovo était une Province autonome de la République de Serbie au sein de la République fédérale socialiste de Yougoslavie.
1991 Proclamation d’indépendance du Kosovo non reconnue par la communauté internationale. Ibrahim Rugova aussi appelé Gandhi des Blakans » est élu premier président de la République lors d’élections clandestines.
1997 Naissance de l’armée de libération du Kosovo, l’UCK.
1998 Mort du fondateur de l’UCK, le pays entre en guerre
1999 l’OTAN intervient et met le Kosovo sous administration internationale, provoquant le retrait de l’armée et de l’administration serbe
2002 Ibrahim Rugova remporte les élections organisées par l’ONU.
2008 déclaration d’indépendance du Kosovo cette fois-ci reconnue par 111 pays.
Depuis 2015, le dialogue a repris entre Serbie et Kosovo mais nous aurons vite l’occasion de sentir que ça reste très tendu….
Samedi 24 mars : Des ours !
Nous entrons au Kosovo par le poste frontière de Bardovci en provenance de Skopje en Macédoine. Le douanier nous dit qu’on doit prendre une assurance. Effectivement, après vérification, notre assurance ne couvre pas le Kosovo. Plein de gens nous font des coucous et nous photographient. Nous traversons des kilomètres de zones industrielles et commerciales boueuses à souhait. Il fait gris et froid, le rêve… On fait halte au monastère de Gracanica classé UNESCO. Ce monastère est le dernier d’une quarantaine de monastère et églises commandités par l’empereur Milutin. Un guide salarié par l’Eglise orthodoxe nous fait visiter les lieux en y ajoutant une pincée pro-Serbe, c’est certainement le coût de la gratuité. Il fait référence à un militaire français et à l’organisation Solidarité Kosovo, après vérification cette organisation est proche de l’extrême droite en France.. . ambiance. .. Dans les rues alentours, on voit beaucoup de drapeaux albanais et les panneaux indicateurs dans les 2 langues sont souvent dégradés pour rayer l’une des 2 langues. Le Kosovo déroute entre ses mélanges de religions et de peuples et on ne sait jamais où on met les pieds ! Pour dire bonjour, on se dit qu’on ne va pas faire dans le local, un « bonjour » ou un « hello » sera plus prudent.
Nous bivouaquons sur le parking du Pristina Bear Sanctuary et par la fenêtre, nous pouvons déjà observer deux ours qui jouent! On voulait voir des ours pendant le voyage, voilà une opportunité !
Dimanche 25 mars : Bloqués dans les ruelles de Pristina !
Réveil glacial : il fait 4 degrés à bord quand je risque un pied hors du lit aux aurores. Il a fait -8 degrés dehors cette nuit. Il neige à gros flocons et notre chauffage est à nouveau en panne depuis une semaine… Je me recouche vite fait bien fait!! Deux heures plus tard, Manu réussit à nous réchauffer avec le thé, une bonne compote chaude et les bouillottes. C’est sa semaine de cuisine, à lui de braver le froid 😉 On sort se balader dans le parc un long moment. Il y a ici une quinzaine d’ours qui ont été adoptés en 2013 quand une loi est venue interdire la détention privée des ours. Jusque là, les ours étaient des attractions de bord de route de restaurateurs pour le moins insensibles à la cause animale. La fondation autrichienne Four Paws a même recueilli une ourse qui avait été laissée enfermée dans une cage sans aucun soin ni abri ni nourriture quand le propriétaire du restaurant a fait faillite. Pour nous, c’était super de pouvoir observer les ours de si près même si ça pince le coeur de savoir qu’ils sont à tout jamais inaptes à la vie sauvage. Ils conservent les stigmates de la captivité, de la malnutrition et autres mauvais traitements.
Nous reprenons la route direction Pristina, capitale du Kosovo.
On essaie de se trouver un bivouac sur une colline près de la tombe de Ibrahim Rugova fondateur de la première République du Kosovo mais le lieu est trop pentu. On se retrouve alors embarqués dans un quartier où la largeur des rues diminue au fur et à mesure qu’on avance… jusqu’au moment où on est coincés pour de bon entre un toit trop bas et une voiture mal garée. Glups. On est plantés là à chercher une issue favorable quand apparaît un sauveur. Il propose de prendre le volant. Je lui cède, un brin piquée dans mon orgueil de conductrice sans frontière je l’avoue. Il assure et fait dégager quelques voitures pour un demi tout salvateur, on le remercie avec une bière. On quitte la souricière et on se pose près d’une station-service. Pour l’ambiance bucolique, on repassera, en plus il y a un cadavre de chien à côté.. . Allez, on va se dégourdir les jambes. On aurait aimé visiter cette capitale avec quelqu’un qui nous éclaire sur la situation politique du Kosovo. La KFOR, force armée de l’OTAN est omniprésente. Devant le Parlement, il y a des affiches avec les photos des Kosovars disparus dans la guerre du Kosovo et demandant à la Serbie de rouvrir les dossiers. En Serbie à Belgrade, nous avions vu l’autre côté du miroir, avec les Serbes demandant justice aux Kosovars pour les disparus. Dossier délicat et impression de marcher sur des oeufs.
Lundi 26 mars : émotions fortes !
On va au marché de la vieille ville de Pristina faire le plein de fruits et légumes. On demande à un vendeur de vaisselle s’il a des verres à raki (gnôle). Avec un grand sourire, il nous explique qu’ici les gens sont musulmans et donc pas d’alcool ni de verre à raki. Pas de soucis, ici tout le monde cohabite paisiblement nous dit-il, ouf!
Puis on redémarre direction Mitrovica. C’est la ville symbole de la guerre du Kosovo, avec son pont séparant Serbes et Albanais. Ce pont avait été détruit pendant la guerre. On remarque côté serbe un fort nationalisme: drapeaux serbes et russes, prix en dinar serbe et écriture cyrillique. Pour eux le Kosovo n’existe pas et ils voudraient bien au moins récupérer le Nord.
On quitte la ville en espérant trouver un bivouac près d’un monastère sur une des montagnes autour. On croise un cortège de véhicules anti-émeutes de la KFOR. A nouveau, on se retrouve embringués sur des routes qui ne font que rétrécir et je finis par un demi tour hasardeux sur un terrain de basket. Le monastère est inaccessible et il fait froid alors on redescend dans la plaine. Entre les mines et les décharges, le bivouac idyllique est une denrée rare. On se fait rattraper par la Police avec sirène et gyrophare comme dans les films (certes à 40km/h vu qu’on roule en Slowpy;))) mais ça met dans l’ambiance) On doit faire demi tour, ils ont fermé la route. Nous revoilà dans le centre de Mitrovica mais l’ambiance a changé du tout au tout : la Police est partout, les gens se rassemblent dans la rue, la tension monte. On vise une église sur les hauteurs. Vous allez finir par croire qu’on fait un tour d’Europe des lieux saints!! Non, plus prosaïquement, ce sont tout simplement des lieux où il y a généralement un parking et souvent de l’eau, un spot à bivouac quoi. La nuit tombe et les rues de plus en plus étroites nous titillent, l’histoire se répète. Je passe sur une coulée de boue, déterminée à poser nos roues à l’église Saint Dimitri. Ouf, ça y est, on est arrivés avec un panorama de luxe en prime ! De là, on voit et on entend les sirènes et gyrophares près du pont. On aimerait tant savoir et comprendre ce qui se passe! Bon, on se sent en sécurité ici, c’est l’essentiel. A 22h, la Police vient contrôler nos papiers. Ils sont un peu perplexes de nous trouver là et nous demandent si on est bien des touristes. Ils nous disent que c’est ok de rester là. Quand on les questionne sur ce qui se passe, ils répondent laconiquement « we’ve got a little situation ». Ça chauffe mais on n’en saura pas plus ce soir.
Mardi 26 mars : au Kosovo, les curiosités se méritent !
On se réveille au son des cloches de l’église orthodoxe voisine. Quelques minutes plus tard, le pope vient nous demander sans fioriture de dégager. Pour la charité chrétienne, on repassera… Bon, c’est peut être qu’il attend du monde. Pas grave, il y a un autre parking tout près. On se réchauffe avec nos bouillottes et le thé. Ça serait bien que le soleil revienne un jour!! On prend le temps de faire notre bout d’école quotidien et on marche jusqu’à un imposant mémorial en béton, pur style communiste, en l’honneur des combattants antifascistes. On croise des ados serbes à qui on demande ce qui s’est passé la veille. Pour eux, c’est un Albanais qui est entré dans une zone serbe qui lui était interdite et qui y a lancé un fumigène déclenchant une émeute. Plus tard on fera une recherche, en fait un ministre serbe est venu tenir une réunion sans l’accord des autorités kosovares. Les forces spéciales sont venues l’arrêter…
Vu l’ambiance, on préfère poursuivre notre route vers des contrées plus paisibles. On roule sous la pluie jusqu’aux cascades de Mirusha. La route est de plus en plus étroite, si si, et se transforme en piste, si si, boueuse, eh oui, avec des trous, bien sûr… La cascade déverse des tonnes d’eau, c’est impressionnant ! Un des propriétaires des 2 bars au pied des chutes arrive et nous explique qu’il y a une série de 7 chutes et que c’est magnifique mais à cette saison il y a trop d’eau , elle est marron et le chemin est sous l’eau… On choisit de ne pas rester dans ce trou et de remonter la piste dès maintenant. Si bien qu’on arrive pour la nuit à Peja, petite ville aux portes du canyon de Rugova. Et pour une fois, on paie 1,60€ pour se garer, pas envie de tourner dans tous les sens pour finir encore coincés, mon énergie de pilote est bien entamée …
Mercredi 27 mars : séquence sport d’hiver
Il y a un rayon de soleil ce matin, le premier depuis une semaine si on fait exception de l’éclaircie de 10mn au poste frontière!!!! On file explorer Peja. L’air est frais, les montagnes se dressent majestueusement autour de nous. On découvre un étonnant vestige d’architecture communiste, un énorme immeuble qui fût une banque. Il y a aussi un très beau bazar où de jolies maisonnettes en bois s’alignent. On trouve un petit marché où l’on achète de la crème. Les fermiers la préparent et la vendent dans des barattes en bois. On achète aussi des suxhuk, saucisses de veau épicées et des légumes.
Ensuite, on roule dans le canyon de Rugova. La rivière est bleutée au fond des gorges. La route nous amène jusqu’à Bogë, toute petite station de ski. Neige, ciel bleu, une bière en terrasse et… luge!! Le bar nous prête 2 luges fabriquées maison. Je monte à pied avec Joseph tout en haut du domaine pour une descente gigantesque. C’est génial de partager ça, de s’entraider et se motiver pour finir par glisser en criant et riant. Noé se lance dans une descente plus courte mais tête la première assez radicale et qui par chance finit bien. Il a une aisance corporelle impressionnante… Ça a un peu fait flipper Manu qui raisonne toujours en ingénieur en mode analyse des risques.
Comme nous n’avons plus de chauffage, on redescend sagement dans la plaine pour la nuit. On s’arrête aux abords du monastère de Decani. Pour cela, on franchit chicanes et postes de surveillance de la KFOR. Notre présence ne semble pas leur poser de problème. Plusieurs véhicules blindés sont déjà passés près de nous dans leurs rondes de surveillance quand nous nous endormons.
Jeudi 28 Mars : l’expérience d’une hospitalité exceptionnelle
On se réveille fatigués ! A 3h du matin, il m’a fallu me mettre au volant pour déplacer Slowpy de 100m. Un gradé a décidé qu’on ne pouvait pas rester où on était… et préférait qu’on se gare devant le poste électrique un chouilla plus loin. J’ai meublé l’insomnie consécutive avec de longs monologues rageux sur les militaires, l’armée et les ordres à la con, les monastères qui feraient mieux de s’installer ailleurs…
La vie réserve des surprises : nous avons visité le monastère et y avons vécu un accueil exceptionnel, me faisant comprendre le sens de la présence de la KFOR ici. A tel point que j’ai offert au poste de surveillance une petite lettre pour expliquer que oui, je les avais détesté de nous réveiller en pleine nuit alors qu’on ne nous avait rien dit de la soirée et que je leur présentais mes excuses pour ces sentiments négatifs car je comprenais maintenant la mission de paix qu’ils accomplissent à Decani.
Revenons au monastère. Le moine hospitalier Pierre nous a accueillis pour une visite très interessante. Il nous a montré l’album photo du monastère et fait goûter leurs productions : liqueur et eau de vie. Il a même fait une deuxième visite pour les enfants, leur montrant Joseph et Noé sur les fresques ornant l’intérieur de l’église ainsi que la ferme du monastère. Il nous a aussi invités à partager le repas de midi dans leur réfectoire. Il nous préviens que la cuisine est simple en raison du carême mais nous on l’a trouve fine, copieuse bref on se régale ! Il nous invite à participer à une cérémonie le soir, du coup on change nos plans, on retourne à Peja pour visiter un autre monastère orthodoxe. Il est certe joli mais l’accueil est moins chaleureux. On revient à Decani à l’heure pour la cérémonie. Malgré le fait que nous ne soyons pas orthodoxes nous nous sentons accueillis. C’est une cérémonie où ils procèdent à l’ouverture du sarcophage du roi Stefan pour entretenir la momie du roi et bénir les fidèles avec une onction préparée avec la momie du roi. Cette momie se serait réalisée seule, sans l’intervention humaine, miraculeusement. Nous sommes invités à être ainsi bénis et nous acceptons volontiers, non pas que nous croyons à ce miracle mais nous croyons à l’intention positive et bienveillante de la bénédiction des moines. La bienveillance est toujours un cadeau précieux à recevoir. Lors de cette soirée nous rencontrons une famille d’allemands qui nous avait laissé un petit mot d’invitation sur notre pare-brise au monastère de Peja. Le monastère de Decani est vraiment un lieu magnétique dont nous ne voulions plus partir.
Vendredi 29 Mars : Une ville au beau panorama
Nous quittons Decani le coeur enrichi de cette magnifique journée passée au monastère. Nous faisons une halte dans la ville de Djakova où nous déambulons dans un agréable vieux quartier de maisons de bois, le bazar ottoman. Sur la route nous voyons beaucoup de monuments à la gloire de soldats de l’UCK tombés lors de la guerre d’indépendance, le drapeau albanais est beaucoup plus utilisé que le drapeau kosovare.
Nous faisons une halte dans la région viticole du Kosovo à Rahovec. On tente la visite de la cave Bodrumi i Vjetër mais on sent qu’il fallait plutôt réserver. Ils attendent un groupe de militaires alors ils nous accueillent quand même. La visite est un peu sommaire, comme la dégustation… On a la désagréable surprise de voir à la fin que la visite et la dégustation sont payantes, du coup on ne prend pas beaucoup de vin. Celui de la dégustation n’est pas fameux, on prend celui qui nous intéresse : le Vranac, cépage des balkans, déjà apprécié en Macédoine. Sur le chemin du retour on s’arrête à une autre cave, plus « américanisée » et pour cause elle appartient à un américain d’origine kosovare. Cette fois pas de visite ni dégustation on achète à l’aveugle, Vranac toujours.
Puis nous arrivons à Prizren, ville à majorité albanaise donc musulmane. Dans notre promenade, nous avons découvert l’église Saint George et avons rencontré là une religieuse adorable qui nous a emmenés jusqu’à la chapelle Saint Nicolas toute proche.Nous avons eu tous les deux le même ressenti: s’afficher avec une orthodoxe serbe à Prizren, c’est une expérience osée… Nous avons appris après qu’en 2004, des pogroms ont chassé la quasi-totalité des habitants serbes. Cette expulsion s’est accompagnée de l’incendie des églises orthodoxes de la ville dont l’église Saint George que nous avons découverte reconstruite mais vide et sous surveillance militaire de la KFOR. Nous avons ensuite choisi d’aller respirer et méditer tout ça en haut de la forteresse de la ville. C’est une belle balade à travers les rues bordées de maisons à encorbellement de bois. Nous avons reçu comme un cadeau le magnifique coucher de soleil sur la ville, avec l’appel à la prière de 18h émanant des 35 minarets de la ville. En redescendant nous avons fait une halte sous les fenêtres de l’école de musique où les élèves donnaient un concert. .. Puis nous avons retraversé les rues piétonnes très animées du centre-ville, en bordure de la rivière Bistrica. Pour marquer notre dernière soirée au Kosovo, nous avons savouré un bon dîner au restaurant Marashi. Fauteuils confortables, belle table, service attentionné, viande grillée sur la pierre, fromages et charcuteries… Décidément, dans les Balkans, la viande est reine!
Samedi 30 Mars : retour en Albanie.
Nous quittons le Kosovo pour rejoindre le Nord de l’Albanie, touché par ce petit pays encore si fragile et tourmenté. La boue qui nous a beaucoup collé aux semelles au début de notre séjour laisse maintenant la place à une poussière sans pitié.
Véro (et un soupçon de Manu)
A paraître bientôt : L’Albanie du Nord
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Découvrir le côté obscur du voyage
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Bonjour
Comment peut-on se rendre en solo dans les monastères du Kosovo depuis Pristina, et sans voiture personnelle ?
Merci de votre aide.
Bonjour
Peut etre existe t il des lignes de bus ?
Mais ce que nous avons vu le plus souvent sur les routes ce sont des mini bus privés type combi VW.
Par précaution, demander la ville de destination plutot que le monastere… les tensions sont parfois encore vives.
Merci beaucoup de votre réponse. Finalement, c’est assez compliqué de se déplacer dans ces coins-là. Trouve-t-on des taxis sur Pristina, peut-être ?
Merci encore. Cordialement.
Oui ça devrait exister… A voir dans un guide, Le petit futé a fait un guide sur le kosovo.