6 mois ! Episode 1
6 mois ! Episode 1
Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. On a encore le cœur rempli de la belle fête de départ, une fête comme on les aime avec vos bouilles d’amour, vos bonnes recettes et des bouteilles qui vont bien. Mais on ne retrouve plus de confettis (portant il y a avait la dose !!!) Et toutes vos confitures et bouteilles qui nous ont fait un temps ressembler à une épicerie ambulante, ont disparu depuis belle lurette.
Pendant la semaine encadrant ce moisiversaire de voyageur, nous avons découvert chaque matin une nouvelle avarie. : explosion d’un bouchon de gasoil, chauffage qui rend l’âme, crevaison, direction récalcitrante, panne de gaz… J’ai trouvé ça merveilleusement métaphorique : quelle direction prendre ? Encore de l’énergie ? Comment se bichonner avant de péter un câble ? S’en remettre au soleil pour se chauffer sans craindre le lendemain… Notre motivation à continuer a été bien testée. Alors, assise au volant, un beau matin, j’ai crié : « On the road again ? « Et la foule en délire m’a répondu « Oh yeah, on the road again !!! »
Et puis cerise sur le gâteau, on a reçu toutes vos questions !
On poste plein de photos paradisiaques sur la page Facebook. On écrit sur le blog. Je me dis qu’on participe à la fabrique de rêves parce qu’on vous épargne le côté sombre : coups de gueule, grosses déprimes et remises en questions, épuisement, lassitude, stress… Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement et illustrer avec des photos vraies aussi (notre intérieur en bazar, des aliments pas que bio…) C’est parti !
Dans cet épisode 1 :
- Comment a germé l’idée du périple ?
- Comment avez-vous fait pour l’élaboration du circuit ?
« Comment a germé l’idée du périple ? »
Véro : En 2006, amoureux tout frais, on avait épinglé une carte d’Amérique du Sud dans le salon. Un jour, on partirait explorer ces contrées en vélo. On est allé jusque dans les Gorges du Verdon d’abord, avec un vieux tandem de 1936 et une remorque Michelin. Puis est arrivé Joseph. On a ajouté une carriole derrière le tandem. Noé nous a rejoints. On est alors allés pédaler en Autriche. On s’est installé : une maison, des poules, un gîte… On fait notre part de colibri : associations de protection des migrants, et développement de la parentalité respectueuse. Mais, au matin de nos dix ans d’amour : j’ai dit « Tu te souviens, on avait dit qu’on partirait. Alors, c’est quand qu’on va où ? » Parole donnée est sacrée ! En marchant dans les Alpes, en août 2016, on a commencé à rêver. J’avais ce rêve de partir à pied de la maison. Pas de candidats. Avec un âne ? Non plus. A vélo ? Non. La majorité voulait plus de confort. J’ai écumé les annonces de camions aménagés, du bus au vieux Mercédès. Camping-car, ok mais pas un gros truc blanc de beauf avec parabole pour rester scotché sur les parkings !! Et pour la destination, on était tous d’accord pour l’Europe. Allons voir près de chez nous comment on vit, qu’est-ce qu’on mange, comment c’est fait…
PS : Mea culpa… Mon idée du bidochon de parking a évolué. Il y a toutes sortes de camping-caristes, des jeunes, des vieux, des familles, des solitaires, des claniques… et on fait de très belles rencontres ! Les deux qui m’ont le plus épatée/émue, ce sont un Danois de 82 ans dans un engin motorisé presque plus identifiable et Jean-Paul, un papi français qui a pris la route quand sa moitié est décédée au tout début de leur retraite.
Manu : Je ne vais pas vous le cacher, c’est surtout dans la tête de l’amoureuse que ça a germé… Moi, c’était plutôt de l’ordre de ces rêves qui restent rêves… Je dois encore avoir des restes de manque de confiance en soi… Quand j’étais lycéen j’avais l’idée ou le rêve de faire le tour des capitales européennes en train mais je n’ai jamais osé, je ne me le suis jamais permis. Il y a bien des épisodes dans cette jeunesse qui auraient pu être assez forts pour que je me lance dans un voyage au long cours mais non, je n’ai jamais osé, pas pour moi, pas sérieux, trop cher, pas assez fort en anglais ou en allemand, pas légitime, dans la vie faut souffrir… on s’invente ou on trimballe toujours plein de barrières… Pourtant, mes parents m’avaient initié aux voyages en fourgon aménagé : Pologne, Scandinavie, Ecosse, … Bref, j’ai pas l’initiative et ma chérie est venue titiller un vieux rêve : un tour d’Europe !
Certes, au début je me suis posé plein de question au sujet de mon travail, de mes engagements, est-ce vraiment sérieux de mettre tout ce qui me tient à cœur et où je me suis investi entre parenthèses ? J’ai même pu bénéficier d’un coach en changement pour me faire progresser dans l’idée que oui, c’était sérieux… J’ai pris petit à petit conscience que j’avais besoin d’air frais, de vivre ou d’apprendre à vivre avec ma famille, de m’investir pour mon couple et ma famille, d’apprendre à lâcher prise. J’ai pris ce voyage comme une initiation à l’acceptation de l’incertitude.
Heureusement que Véro est là pour me faire vivre mes rêves enfouis !
« Comment avez-vous fait pour l’élaboration du circuit ? »
Véro : Le circuit, c’est Slowpy qui en a décidé ! Slowpy, comme slow et happy, c’est notre camping-car. On a eu un véritable coup de coeur pour lui et Michel et Isabelle qui le vendaient. Il avait un petit côté roulotte avec son intérieur tout en bois, son papier peint kitsch, sa vierge lumineuse… Quand on l’a essayé, en janvier 2017, on s’est regardé, le sourire aux lèvres, en se disant qu’à ce rythme-là, on ne verrait jamais le Cap Nord. Il était rouillé et cogné juste ce qu’il fallait pour ne pas avoir peur de le griffer dans les chemins, 80 chevaux pour 3,5 tonnes, pas d’électronique, pas de douche, 60l d’eau pour alimenter l’unique robinet d’eau froide, un frigo qui sert de placard… Je me disais qu’il était le véhicule parfait pour se débrancher de notre vie ordinaire, pour être plus proche de la nature et vivre dans nos corps la simplicité. On lui a tout de même rajouté un chauffage (après une nuit en Auvergne en février particulièrement glaciale) et un panneau solaire.
Nous avons alors lancé le projet slow and curious : moins de kilomètres que ce qu’on avait imaginé au départ (adieu Angleterre, Irlande, Islande, Scandinavie, Lettonie, Estonie, Lituanie et Pologne) mais plus de temps de vie zen sur un itinéraire calé sur les saisons. Et pas trop de montagnes vu qu’on ne peut pas les franchir à plus de 20km/h. Donc, nous avons suivi le Danube de sa source en Allemagne jusqu’à son delta (Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie et Roumanie) puis avec le froid, descente vers Istanbul par la Bulgarie, long séjour de trois mois au soleil de Grèce et fin février, remontée par l’Albanie, la Macédoine, le Kosovo, le Monténégro, la Bosnie, Croatie, Slovénie et Italie) Arrivée à la maison en juillet.
Manu : Au début, on imaginait faire une sorte de 8 : traverser l’Europe continentale, passer par les pays baltes, monter au Cap Nord, descendre par les îles Britanniques, retraverser l’Europe continentale pour rejoindre les côtes méditerranéennes… Véro avait accroché une carte au-dessus de son bureau, les grandes lignes étaient tracées, elle avait collé ensuite plein de mots et d’images positives façon visionboard. Et puis, on a regardé de plus près, imaginer des dates, poser des jalons, mis des Post-It sur la carte. Verdict : ça faisait beaucoup de kilomètres à faire. Trop. L’idée de s’arrêter un an n’était pas vraiment compatible avec un voyage qui se transforme en course contre la montre. Alors il a fallu tout repenser… Et Slowpy est arrivé !
Au début, mon copain Hervé nous a pas mal aidé pour y voir clair dans le choix d’un camping-car et surtout dans la critique de ce qu’il y a sur le marché de l’occasion. Mon père aurait été rassuré qu’on parte avec un véhicule neuf, ou récent. Moi aussi au début, je ne voulais pas me retrouver à faire le tour d’Europe des garagistes donc on a cherché. En bon ingénieur, j’ai fait une grille multicritère pondérée à logarithmes expansés et intégrales exponentielles de nombres complexes (cherchez pas : la deuxième partie ne veut rien dire)… Mais je voyais bien que la belle n’était pas emballée par les résultats de mon ingénieuse analyse pourtant douée des plus beaux atours mathématiques… Elle voulait un vieux truc, qui fasse pas riche-sur-roues, un truc de hippie mais pas punk-à-chien, ni fan-de-Johnny-en-vacances (RIP). Ah !… les critères de ma grille, c’était plutôt l’année de 1ere circulation, la puissance moteur, l’encombrement, le test d’étanchéité, le dernier contrôle technique, le prix, la capacité en eau, le capacité de chargement, une liste à la Prévert… Slowpy n’aurait pas passé les épreuves discriminantes de ma grille… Mais voilà, il faut bien dire que l’argent qu’on ne mettait pas dans le véhicule, on l’avait pour le voyage ; pas d’électronique et ancienne mécanique veut dire réparable partout et il y a un critère que j’avais oublié : le coup de foudre. Slowpy est lent, tant mieux finalement, il est plutôt pas mal agencé, il m’a permis d’oser des trucs en carrosserie que j’aurais jamais fait sinon, on peut se permettre de peindre sur lui, on ne craint pas trop pour lui quand on s’engage sur des pistes… Et en plus maintenant, on a trouvé le truc pour qu’il ne chauffe plus dans les côtes ! Alors Slowpy a effectivement été déterminant pour l’élaboration du circuit : des plaines et des côtes maritimes ! Donc le Danube (super, j’aime ce fleuve mythique qui traverse l’Autriche, pays que j’affectionne particulièrement), la côte de la Mer Noire (wahoo, c’est le Far East !) et les côtes méditerranéennes (idéales pour passer l’hiver au chaud ou en tout cas pas au froid).
Les épisodes suivants :
Episode 2 : le programme, la préparation
Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car
Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?
Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?
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Vous avez remarqué ? Il n’y a pas de pub sur notre blog ! Si vous aimez ce qu’on fait, si vous rêvez avec nos mots et nos photos, si on vous apporte un peu de chaleur et de soleil, vous pouvez participer à la cagnotte Leetchi !
coucou les voyageurs,
Peut-être que nous pourrons nous rencontrer… Nous partons fin Août…
Hate de lire vos prochains articles sur le côté sombre du voyage!!!
Bonjour,
Moi aussi j’ai envie de découvrir le côté sombre de l’aventure car on parle toujours des bons moments, paysages extraordinaires, de la liberté et tout et tout, mais rarement du reste, des galeres, des moments de doutes, du Cned, etc…
Moi meme expatriée en Roumanie depuis 2 ans et demi avec 2 enfants (10 et 5 ans), je sais que tout n’est pas rose tous les jours mais on évite de trop en parler (je tiens aussi un blog sur notre aventure) alors que ça fait partie des réalités du quotidien 😉
Profitez bien des mois qui viennent, je continuerai de vous suivre sur Fb et sur le blog…
Corinne