Mois : mars 2018

23 Mar

Janvier 2018 : De la Grèce centrale au Péloponnèse en passant par Athènes (Véro)

De la Grèce centrale au Péloponnèse en passant par Athènes

par Véro

 

On commence cette nouvelle année en Grèce. Nous nous sommes réveillés en 2018 sur la plage d’Afissos, sur la côte Ouest du Pélion. J’aime quitter une année écoulée en me baladant et démarrer la nouvelle… en me baladant !

Cette année, joie suprême, j’ai partagé ce rituel avec mes trois amours pour une belle balade dans le village tout en escalier d’Afissos. Le Golfe Pangasétique était limpide, calme comme un lac. Je me suis jetée à l’eau glacée pour nager une dizaine de minutes. Le froid brûlait légèrement ma peau, je nageais avec le soleil en face, clic clac, un grand bonheur engrangé pour bien démarrer l’année !

 

Au pays des Centaures…

On continue notre découverte du Pélion en allant jusqu’à sa pointe, au village de Agia Kyriaki. La route est magnifique, on y voit les premières maisons blanches et bleues. On croise des criques de toute beauté.

Sur notre passage, on s’arrête visiter Argalasti. C’est dans ce village que Joseph nous a stupéfaits en nous faisant la présentation de Chiron, le centaure représenté sur le dallage de la place.

Avant d’arriver à destination, on fait une petite halte au hameau de Geroplina. C’est un tout petit port tout mignon. On entamera une balade jusqu’au phare en famille mais je la termine seule, les gars sont repartis à Slowpy car on a oublié de le fermer… Ça me donne une occasion de courir un peu sur le chemin du retour avant que la nuit ne tombe ! Ce petit port nous offre un coucher de soleil grandiose.

Une fois à Agia Kyriaki, on descend visiter le village de nuit. On traverse d’abord un chantier naval, avec la pleine lune ça donne une ambiance spéciale !

Dans le village, il y a deux restaurants ouverts. On se laisse tenter. Il y a des poulpes qui sèchent sur un fil… étrange… On choisit nos poissons, malheureusement ce ne sont pas les as de la cuisson du poisson…

Le lendemain on redescend voir le village de jour cette fois et on tombe sur un papi qui pêche le poulpe !

Puis on visite la petite ville en hauteur de Trikeri. On reprend la route mais dans l’autre sens, on profite du même paysage avec une autre lumière et un autre angle de vue !

Une rivière d’eau chaude !

Rapidement, après une pause shopping à Volos (mes chaussures en cuir qui avaient à peine 4 ans d’utilisation intensive m’ont lâchée !!), nous avons mis le cap sur les Thermopyles. Je vous avoue qu’on a assez lâchement survolé l’aspect historique du lieu (une grosse baston en 480 avant JC qui a contribué à la victoire des Grecs sur les Perses) pour se prélasser deux jours durant dans une rivière chaude alimentée par une source à 45 degrés délicatement soufrée.

Se baigner, déjeuner, lire un peu, se re-baigner, manger, papoter, se re-baigner, re-manger, dormir… pas facile tout ça !! Cerise sur le gâteau, on y a fait des belles rencontres. Renaud qui est en route pour le Mongolie en VTT. Il a rendez-vous là-bas mi-août pour une course de vélo !! Et un couple franco-autrichien, Maëla et Gabriel accompagnés de leur furet Emile et qui voyagent dans un van aussi vieux que notre Slowpy !

On a trouvé le centre du Monde !

Etape suivante : Delphes. J’en gardais un souvenir ému d’un voyage scolaire de lycée. Quelle joie de partager cet émerveillement avec mes amours ! Delphes a longtemps été considérée comme le centre du monde. La mythologie raconte que Zeus fit décoller deux aigles d’une extrémité à l’autre de la terre et qu’ils se sont rencontrés ici. Nous avons eu la chance d’avoir le site rien que pour nous pendant une bonne heure tôt le matin, avantage majeur des voyages hors saison.

C’est émouvant de marcher sur la Voie Sacrée comme les pèlerins de l’antiquité. Joseph et Noé nous ont épatés par les connaissances qu’ils ont engrangées avec leurs lectures. Ils nous guident dans les musées maintenant ! Nous nous sommes tous les quatre émerveillés devant la finesse et la technicité des grecs antiques. Manu philosophe devant la maçonnerie des fondations : chaque pierre est taillée en gardant la singularité et en s’adaptant au contour des autres…

Une belle allégorie de la société idéale : chacun respecté dans son individualité mais tous unifiés pour tenir des millénaires… Moment d’émotion devant le fameux « trésor des athéniens » où il était inscrit « Connais-toi toi-même », première étape de toute quête…

Depuis quelques jours, le retour occupe l’esprit de Manu, comme il n’est encore sûr de rien, son humeur est parfois …houleuse… La beauté du site de Delphes et une petite mise au point le ramènent avec nous… La technique du sourire maintenu 30 secondes aide aussi à changer d’état d’esprit.

Puis visite du monastère d’Ossios Loukas. C’est un monastère-forteresse à l’architecture byzantine inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’Unesco. L’atmosphère y est très apaisante et nous a fait du bien. C’est l’opportunité d’une petite recherche sur la signification des positions des doigts sur les icônes byzantines.

La veille, j’avais formulé le vœu que les moines accueillent l’amoureux pour une nuit ou deux mais ça n’a pas marché, ils ne proposent pas de retraite. Une simple visite aura suffi pour respirer et repartir mieux connectés, ouf.

Janvier, au-delà de toutes les découvertes, visites et rencontres a été un mois assez remuant sur le plan psychologique. La moitié du voyage approchait à grands pas, sensation de compte à rebours qui commençait. Stress du futur à imaginer, de l’équilibre à réinventer au retour… On a beaucoup échangé, creusé dans nos têtes et nos tripes, écrit. Le voyage est bien plus qu’une simple succession de visites !! Il nous emmène au fond de nous-même, face à nos peurs, nos blessures et nos aspirations et désirs !

 

Athènes la mythique

Dans cette ambiance un brin prise de tête, Athènes a été un vrai bain de jouvence ! Manu y a trouvé un beau labyrinthe vers Le Pirée.

A peine posés, on est partis dans une longue balade à pied jusqu’au sommet de la colline du Lycabette. Comme à Delphes, c’était un pèlerinage pour moi. Je devais avoir 17 ans quand j’y ai mis les pieds avec mes profs de lycée (ne jamais sous-estimer l’impact d’un voyage scolaire !)

On a longé l’Acropole, traversé Plaka (quartier pittoresque d’Athènes ultra investi par les touristes qu’on a vraiment effleuré) et la place Syndagma puis grimpé tout là-haut. C’est le point culminant de la ville à 277m d’altitude.

De là-haut, Athènes se dévoile jusqu’à la mer dans une mosaïque de stores oranges et verts. Athènes vue du haut, c’est des milliers de balcons couverts où l’on doit tenter de capter un brin d’air en été, pas de longues avenues bordées de monuments particuliers ou de monuments remarquables sauf un qui capte les yeux du monde entier : l’Acropole !

Place Syngdama , il y a le Parlement et sa garde qui chaque heure est relevée. On est tombés sur ce rituel par hasard et avons savouré : costume impeccable, pas d’équilibriste et pigeons à volonté !

Le deuxième jour, nous avons davantage épargné nos pieds en prenant le métro jusqu’à l’Université et le musée Archéologique. Un retraité grec nous a abordé dans un français parfait. On a parlé de la fameuse crise grecque : imaginez, du jour au lendemain, perdre 67% du montant de votre retraite. Il a fait le signe de « se serrer la ceinture » En l’occurrence, il n’a plus grand-chose à serrer…

Le musée archéologique national est super. Toutes les époques antiques sont représentées : Cycladique, Minoenne, Mycénienne, Archaïque, Classique…

Manu y a découvert un labyrinthe vieux de 3600 ans gravé sur une tablette d’argile, retrouvé vers Pylos. Malheureusement toutes les salles ne sont pas ouvertes par manque de personnel. La crise est passée par là et les solutions libérales ne consistent pas à faire partager plus ceux qui ont plus mais à donner moins à ceux qui n’ont pas grand-chose, donc à réduire les services publics… De fait, Manu est déçu de ne pas voir en vrai le mécanisme d’Anticythère mais est tout excité à l’idée qu’il n’est pas loin. Le génie de ce mécanisme étonne et montre à quel point la civilisation grecque était féconde.

Moi je suis plutôt attirée par les postérieurs galbés des Kouroï… Joseph, lui est à la recherche des représentations d’Athéna et autres dieux de la mythologie. Il dévore les livres de Percy Jackson, une série de livre fantastique qui s’inspire de la mythologie grecque. Du coup il en connait un rayon maintenant et il fait bien le lien avec le voyage.

Athènes la politique

Sortis du musée, nous traversons l’Université (Ecole Polytechnique). C’est un haut lieu du mouvement étudiant. Il y a encore, en monument mémoriel, les grilles écrasées par les chars du régime des colonels lors de la répression du mouvement étudiant pour la démocratie le 17 novembre 1973. Ce mouvement a été réprimé mais la dictature est tombée un an plus tard.

De nos jours, l’Université semble toujours un lieu de foisonnement politique et artistique. C’est un peu déroutant d’ailleurs. A première vue, on se demande si c’est squatté ou s’il y a toujours des cours ! Les murs sont tagués mais les mouvements de personnes ressemblent à ceux d’une Université.

On demande et oui, l’Université est bien toujours en activité ! La libre expression rupestre doit être un héritage de l’histoire du lieu. Les tables d’information des syndicats étudiants rappellent de bons souvenirs à Manu. Dans une cour, sur un mur, il y a un immense graffiti en souvenir du rappeur grec antifasciste Pavlos Fyssas alias Killah P, assassiné par les Néonazis d’Aube Dorée le 18 septembre 2013.

Après l’Université, c’est le quartier Exarchéia… Quartier très surveillé par la police mais de l’extérieur ! Ici l’uniforme n’est pas vraiment bienvenu. C’est le noyau dur de la contestation et des mouvements révolutionnaires. Il n’est pas rare de voir flotter aux balcons le drapeau noir de l’anarchie, rouge du communisme ou noir et rouge de l’anarcho-syndicalisme.

On fait une pause au K-vox, bar autogéré, espace social libre. Malgré une tentative de rencontre, nous n’arriverons pas à entamer une discussion avec quelqu’un… Dommage. Dans ce quartier, on trouvera une bonne cantine à prix modique où on peut goûter plein de plats !

C’est aussi le jour où Noé a opté pour une coupe radicale chez une coiffeuse du quartier d’Exarcheia. Ses belles boucles blondes n’ont pas résisté aux baignades prolongées dans l’eau ultra calcaire et soufrée des Thermopyles. En 6 mois de voyage, il est passé de végétarien à cheveux longs à omnivore à cheveux courts ! Joseph s’est choisi une nouvelle paire de baskets et c’était chouette de le voir marcher, heureux dans ses baskets donc et réaliser qu’il se transforme petit à petit…

Athènes et ses intrigues familiales…

Le troisième jour, nous avons profité d’un ciel bleu magnifique pour grimper à l’Acropole. On redoutait la foule. Belle surprise, hors saison, c’est moitié prix et moitié foule !

Je me rends compte qu’il m’aura fallu faire le tour de tout le site avant de retrouver un brin de sérénité. De bon matin, on s’était tous bien fâchés, envie de les larguer… Je ne sais même plus quel est le point de départ du schmilblick, juste le souvenir d’en avoir ras le bol… Noé de mauvaise humeur, Manu manquant de sommeil et de patience, un mauvais coup entre les frères et patatra… Sur le chemin, je prends mes distances, Manu fait parler Noé, ils semblent être parvenus à quelque chose.

A l’Acropole, Joseph cherche obstinément la grande statue d’Athéna, l’Athéna parthénos. Mais malheureusement elle n’y est plus depuis plus de 2000 ans… Le site impressionne tout de même !

Nous profitons d’une pause au théâtre de Dyonisos pour échanger sur nos émotions, ressentis, états d’esprit, … Cette fois c’est comme si c’était moi qui n’avait plus d’espoir et Manu qui trouve encore des raisons d’espérer. Noé semble faire un bout de chemin…

Finalement, je crois que c’est au Musée de l’Acropole qu’on a fini par opter pour un gros câlin familial de réconciliation. Il faut dire que ce musée est un havre de paix d’un génie architectural de toute beauté. Limite je ne sais plus ce que j’y ai vu tellement j’ai aimé les murs. Il est tout en transparence, ouvert sur la ville. Le genre d’endroit où tu aimerais qu’on t’oublie pour la nuit 😉

La hache de guerre a été définitivement enterrée autour d’un gyros et d’un paquet de frites au fromage succulentes.

Athènes et ses rencontres

Le quatrième jour, nous avions rendez-vous avec Clara, qui avait répondu positivement à la demande de rencontre de Manu sur un groupe Facebook de francophones. On l’a retrouvée avec son amie Marieke au marché d’Exarcheia.

Elles nous ont régalés d’une bonne salade de crudités et surtout, Clara nous a enrichis de sa fabuleuse histoire de vie. Elle est une jeune femme épanouie, nourrie d’une enfance et adolescence à l’école buissonnière avec ses parents artistes. Je lui ai posé toutes les questions qui me brûlaient les lèvres sur sa vie sans école, ses relations avec ses parents, sa sœur… Il y a des années, j’avais passé un Noël fantastique clouée au lit par une vilaine grippe avec entre les mains un livre qui m’a durablement bouleversée, « Et je ne suis jamais allé à l’école » d’André Stern. L’auteur y témoigne de sa vie instruit en famille. Avec Clara, c’était encore mieux 😉 Merci infiniment !

Nous avons fini la journée au marché municipal : abondance d’étals sanguinolents côté bouchers et ambiance maritime chez les poissonniers, nombreux marchands de noix, noisettes, noix de cajou, amandes, fruits et légumes. Une ambiance qu’on aime !

Le dimanche, je suis restée savourer 5h de solitude silencieuse dans Slowpy pendant que les gars ont à nouveau bien marché jusqu’au parlement, le jardin national où ils ont rencontré un français installé là, le stade panathéique, l’Olympéio, la porte d’Hadrien et le mont Philipopapou. Cinq heures pour écrire, téléphoner, lire… ah le bonheur !!

Le soir, nous avions rendez-vous au Nord d’Athènes chez une famille franco-grecque. Céline, ses trois filles et ses parents venus pour trois semaines nous ont bichonnés : pastitsio (gratin de macaronis, viande hachée et béchamel) terrine de lapin française maison et galette des rois à la frangipane. Quelques-uns de nos fantasmes culinaires franchouillards ont été assouvis 😉 Plus des chouettes conversations, deux machines de linge et une douche chaude : nous sommes gâtés !!

Cap sur les beautés du Péloponnèse !

Le lundi 15 janvier, nous mettions le cap sur le Péloponnèse via le canal de Corinthe et Epidaure.

Nous n’avons pas traîné à Corinthe, juste une petite pause sur le pont enjambant le profond canal. Une petite particularité rigolote tout de même : ici ce ne sont pas des cadenas que les amoureux accrochent aux grilles du pont mais des … détritus ! Poches plastiques, emballages, … une curieuse et rigolote façon de recycler !

Au port d’Epidaure, nous avons fait encore une belle rencontre : Joël et Annick, joyeux retraités amoureux de la Grèce en vacances dans l’appartement d’amis. Avec eux, nous avons fini la mission lessive et savouré l’ouzo en attendant que la machine ait fini de tourner, ce qui nous a valu une belle barre au crâne le lendemain matin !

La visite du théâtre d’Epidaure était parfaite : le site juste pour nous pendant une belle heure ensoleillée. On s’y est bien sûr amusés à chanter et faire des tests avec notre voix. Quand tu es au centre, ta voix porte comme si tu avais un micro, c’est bluffant !

J’en ai aussi profité pour faire un brin de yoga, des étirements. Joseph a fait une sieste de lézard. Noé a dompté un chat à coup de croquettes mais n’a pas réussi à le faire miauler assez fort pour que sa voix porte dans tout le théâtre. Manu a arpenté les gradins pour les photos. Un moment de grâce, clic clac et encore un lieu dont on a du mal à repartir tellement on y est bien !

Maintenant, je vous emmène visiter le Péloponnèse. Nous avons parcouru ses côtes d’Est en Ouest, sans oublier une seule de ses péninsules.

Argolide

Pour commencer, il y a la péninsule de l’Argolide avec la presqu’île de Méthana. On a dormi sur une petite plage où l’on trouve une source chaude dans les rochers. 32°, un peu juste pour nous maintenant habitués à des sources chaudes très chaudes…

On s’habitue à tout, nous voilà presque blasés ! N’empêche, c’était un régal d’être allongés dans cette eau tiède, les yeux fermés, bercés par le son des vagues. Nous avons fait le tour de la presqu’île par des routes étroites et sinueuses heureusement très peu fréquentées. A un endroit, les vagues venaient même lécher la chaussée ! Nous avons fait une chouette balade à la fin du jour vers une coulée de lave avant de passer la nuit à l’abri d’une belle tempête dans une crique sobrement appelée « Coast of love », parce que nous le valons bien 😉

Nous avons poursuivi la visite du Péloponnèse en prenant un bateau pour une traversée ultra courte en bateau jusqu’à l’île de Poros. Avant cela, nous nous sommes arrêtés acheter des tomates, des poivrons, des aubergines et des patates à une petite mamie trop mimi. Elle nous a offert presque autant qu’on lui a acheté dont des oranges pour les enfants. Elle nous a raconté plein de trucs en grec et a regardé dans Slowpy. Une rencontre comme on les aime !

Poros, c’est une adorable petite ville avec des maisons blanches sur fond d’eau bleue. Avec le soleil ce jour-là, c’était paradisiaque ! On y a rencontré un couple d’Espagnols avec un bébé qui nous a invités à bord de leur bateau amarré dans le port. Ils nous ont offert des sardines qu’un pêcheur leur avait offert. C’était chouette de parler de nos expériences. Eux sont moniteurs de plongée et profitent un peu en attendant le début de la saison touristique.

Le soir, nous avons grillé les sardines sur le feu, installés sur les hauteurs d’Hermioni, autre petit village sympathique. Il y avait un beau ponton de bois, ancienne terrasse d’un restaurant abandonné. Spot de rêve pour faire notre gym du matin largement zappée depuis trop longtemps.

Nous sommes ensuite restés 4 jours à Nauplie où nous avons fait le plein de chaleur humaine : Juliette et Théo, un couple de français avec leur chien en van aménagé, un autre couple en vélo, Julie et Timothée et nos copains du Cargot Voyageur sans oublier un papa serbo-espagnol avec ses deux enfants mi-japonais parfaitement trilingues 😉

La police nous a délogés de notre premier spot, une belle plage honteusement couverte de déchets. Je n’avais jamais vu d’agent de police de cette sorte : une femme à talons aiguilles ! Avec son acolyte, elle a voulu nous faire signer un papier et nous faire payer 300€ Nous avons refusé et ils sont partis en grommelant et en nous disant que tout ça nous suivrait en France… On s’est trouvé un autre beau spot en bord de mer et nous sommes remis de nos émotions avec une côte de bœuf grillée à 17h.

Les retrouvailles avec le Cargot voyageur prennent toujours des allures de restaurant gastronomique ;))) A Nauplie, j’ai adoré mon escapade seule en vélo le premier matin par un beau chemin côtier. Manu a savouré une séance de QiGong sur la plage. Ensemble, on s’est baignés dans une jolie petite crique près du centre. Joseph m’a scotchée : il a sauté à l’eau depuis les rochers. Il en avait rêvé, il l’a fait !! L’eau est plutôt glacée et lui réputé pour être frileux.

Ça aussi ça a bien changé en 6 mois !!

Il y a eu les bons moments en équipe : Camille et moi en virée shopping (hop, une écharpe toute douce pour l’amoureux !), Camille et moi en balade au soleil couchant, les hommes en virée courses pour nos festins, en virée café en tête à tête, avec les enfants au marché et aussi une belle balade tous ensemble jusqu’à la forteresse, un petit déjeuner de gaufres… Bref, la dolce vita !!!

Le 24 nous redémarrions chacun dans différentes directions, avec la pluie et le froid, fin de la fête.

Leonidion

C’est là qu’on s’est rendu compte que notre chauffage avait rendu l’âme… On est allés réchauffés nos corps et nos âmes dans un café coopératif très agréable dans le village de Léonidion.

Léonidion, c’est le paradis des grimpeurs : un petit village coiffé d’une longue barre rocheuse ! Au café, il y a les topos d’escalade, des revues d’escalade, de la bière bien sûr : bref c’est là qu’on vient parler de ses perfs du jour ! Souvenirs souvenirs, j’ai eu grimpé, il y a… outch… presque 20 ans… !

Nous avons dégoté le bivouac idéal pour nous pauvres humains sans chauffage : abrité du vent et au soleil presque toute la journée, sur le port de Plaka. Manu et Noé sont partis pêcher mais sont encore rentrés bredouilles. Manu a laissé traîner une ligne le temps qu’on dîne. Il a ramené d’horribles vers marins plein d’espèces de piquants berk.

On a bien ri !!! (Grâce à Isa qui suit notre périple, on sait que c’est une Néréis, vers annélide polychète qui n’a pas de pattes mais des parapodes) Le matin, je suis allée à l’auberge la plus proche demander s’ils connaissaient un garage où on pourrait nous réparer le chauffage. La dame a appelé quelqu’un et m’a dit qu’il allait passer. On a passé la journée à l’attendre et il est finalement arrivé le lendemain matin ! Pour nous orienter vers un autre garagiste, qui nous a orientés vers un autre garagiste… Tous nous parlaient de Kalamata, grande ville où pour sûr on trouverait une solution !

C’est à ce moment-là que la direction a émis d’étranges résistances et qu’un bouchon du circuit de gasoil a explosé… Glups, à l’aube de nos 6 mois, un festival d’avaries s’est déclenché !! On est resté assez zen en philosophant, en se disant que tout ça venait tester notre motivation à continuer… et on a choisi de continuer la route… qu’on verrait à Kalamata voire en Albanie pour des grosses réparations si nécessaire. Depuis, la direction ne s’est plus jamais plainte et le chauffage a été réparé. C’est Manu lui-même qui a fini par trouver le problème : un écrou dévissé par les vibrations et autres secousses du voyage ! Y a pas que nos têtes qui prennent du jeu…

Monemvassia

Ce jour-là, je me suis régalée à conduire sur des routes de montagne (encore de la neige !) et même une belle piste bordée d’anémones et d’oliviers. Nous visions Monemvassia mais vu le temps de trajet, nous avons échoué à Geraki Port. Quelle chance ! C’est un petit port au bord d’une sorte de fjord. On a eu un beau coup de coeur pour cet endroit : baignade pour moi, sensation d’être un poisson en Norvège, cueillette de salicorne, balade panoramique sur l’ancienne acropole… Rencontre avec un papi danois dans un van sans âge et un couple de Suédois qui nous a donné envie de visiter leur pays.

Et le lendemain, retour du Cargot Voyageur ! Cette fois-ci, il a fallu aller les dépanner. C’était leur journée poisse : après un détour de deux heures à cause d’un col enneigé, ils sont passés par la même piste que nous et ont crevé à 3km de nous… Sauf qu’une fois la roue changée, elle frottait leur châssis… glups… Ils ont fini en airbnb financé par leur assurance le temps que leur cargot soit réparé : une barre de leur châssis s’était rompue ! Heureusement, des copains à eux étaient là pour quelques jours avec une voiture de location si bien qu’ils ont pu se balader quand même. D’ailleurs, c’est ces copains-là, Yann et Stéphanie qui nous ont livré la liseuse tant attendue pour assouvir la soif de lecture de Joseph.

Nous avons fini par repartir de ce petit paradis pour rejoindre Monemvassia. On l’a exploré avec le sac à dos et le pique-nique, savouré tout en haut du rocher. On a compris pourquoi tout le monde nous parlait de cet endroit : c’est un village fortifié très bien préservé, un vrai bijou.

Et c’est aussi un spot à rencontres pour les voyageurs ! Nous avons fait la connaissance d’une jeune couple adorable, Agnès et Valentin et une petite famille avec qui nous avons un rendez-vous manqué. On devait se voir le lendemain matin et ils sont partis précipitamment. Nous étions un peu inquiets parce que la veille, un de leurs petits a fait une belle chute… Ils roulent avec un vieux camping-car tout vert et violet et viennent de Florac. Si vous croisez leur route, donnez-leur nos coordonnées. On avait vraiment hâte de passer du temps avec eux ! Une fois tout ce petit monde reparti, nous avons terminé un gros dossier : l’enregistrement par les garçons de leur récit de voyage pour la Roumanie, Bulgarie et Turquie !

Avant de quitter Monemvassia, on a une (autre) petite avarie à faire réparer : un tout petit clou s’est logé dans un de nos pneus…

Puis nous avons roulé quelques kilomètre de plus pour nous poser sur une longue plage de sable près de Néapoli. C’est une plage « sensible » où les tortues viennent pondre au printemps. Ecœurée qu’elle soit souillée par les déchets, j’ai pris un sac poubelle et j’ai ramassé tout ce qui traînait. En Grèce, on trouve partout des verres en plastiques avec un couvercle et la paille. C’est un véritable fléau !

Nous avons passé là deux belles soirées autour de la marmite sur le feu, éclairés par une énorme pleine lune, avec un jeu inventé : l’un de nous cherche et garde dans sa tête un sujet, l’autre un verbe, le 3eme un adjectif et le 4ème complément circonstanciel. Puis, on les dit dans l’ordre, ce qui forme généralement une phrase hilarante ;). Pendant que Manu terminait le montage de la vidéo des gars, je me suis aussi évadée pour une belle balade au coucher de soleil. On s’est tous baignés et douchés sur la plage. On a bullé, respiré… le bonheur !

 

Véro (et un soupçon de Manu)

La suite : Février en Grèce

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Relire la Grece en Décembre

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10 Mar

Grèce du Nord : Thrace, Thessalonique et Pélion par Véro

Décembre en Grèce

On entre en Grèce le mercredi 6 décembre par le poste frontière de Ipsala. C’est un garde-frontière qui assure la photo rituelle. Bon, ça va, ils ont l’air cool en Grèce !

grece decembre
On est tout excités, on va retrouver nos copains du Cargot Voyageur. On les imaginait toujours en Turquie, partis explorer la Capadoce mais ils ont dû y renoncer à cause du froid. On se retrouve sur la plage d’Alexandropouli où ils squattent depuis quelques jours.

grece decembreOn arrive pile à temps pour une belle balade sur la plage au soleil couchant.

greceLes hommes vont en ville faire quelques courses, Mika est cuisinier alors il aime bien aller voir les commerçants, demander les meilleurs produits et négocier, son aisance est une vraie thérapie !

S’ensuivent deux jours de ripailles pantagruéliques au feu de bois : soupes, côte de bœuf, poisson, langoustes, le tout bien arrosé…

 

Et là, c’est le drame…

Au moment où je décide de jeûner , Manu commence à souffrir du dos. Avant que les copains partent, on se jette dans la mer glacée pour notre première baignade grecque.

L’eau chaude de la marmite nous rince et réchauffe. Hélas, le bain glacé a mis Manu au tapis. Son dos est à nouveau bloqué, toujours les mêmes hernies et début de sciatique. Il part s’allonger… et ne se relèvera que trois jours plus tard et avec difficulté…

Les copains reprennent la route. Je les regarde partir comme si le temps s’arrêtait. La moitié de mon cerveau se demande comment on va se sortir de cette galère, est ce que c’est la fin du voyage tandis que l’autre moitié se dit que c’est ok si ça doit se finir ici, après tout ce voyage nous a comblés, on sait vivre ensemble chichement, nos yeux sont remplis de belles images, nos cœurs plein de gratitude. Manu culpabilise d’imposer un arrêt au voyage, il a l’impression de faire foirer le voyage. Sont-ce les excés ? L’angoisse du retour ? L’envie refoulée de continuer en Turquie ? Tout ça à la fois ?… Le lendemain, j’erre dans la ville à la recherche d’antidouleurs. Je réussis aussi à faire le plein d’eau chez le gentil pépiniériste près de notre bivouac. Nous ne manquons de rien. Allez, il ne reste plus qu’à lâcher prise.

Les jours passent à marcher et jouer sur la plage et à faire l’école dans Slowpy chauffé par le soleil. Je reprends mes étirements, un peu de yoga et méditation.

Nous découvrons deux tortues mortes sur la plage et ajoutons à nos projets la visite d’un centre de protection des tortues marines au Sud de la Grèce. C’est une pause qui fait du bien finalement. Sauf cette douleur qui ne passe pas pour Manu et qui inquiète. Il arrive à marcher à faire des petites balades mais le lendemain, pas d’amélioration, au contraire. On finit par redémarrer quand mon copilote peut s’asseoir sans trop de douleur. On traverse des paysages magnifiques où l’on découvre la culture de coton.

Mais au bout de six jours, Manu ne vas toujours pas vraiment mieux. Il n’a pratiquement plus de médicaments. A Fanari, je demande à une maman qui se balade sur la plage, s’il y a un médecin dans le village. Trois appels plus tard, elle me dit que nous avons de la chance parce qu’il vient une demi-journée par semaine et c’est justement aujourd’hui, là tout de suite. Je remballe notre campement en un éclair et file me garer devant son cabinet. Le médecin entre dans Slowpy et préfère confier Manu à l’hôpital le plus proche.

Un ange-gardien

Nous voilà partis pour Xanthi. Je livre Manu aux urgences, ambiance mortifiée dans les troupes : et s’ils le gardaient ??? Manu commence à se dire que s’ils veulent opérer, il demande un rapatriement… Une adorable infirmière offre un jus d’orange aux garçons. Pour Manu, ça sera deux injections de décontractant et anti-douleur. Les infirmières se chamaillent gentiment pour savoir qui va piquer les fesses du Français. La gestion de la carte de sécu européenne à l’air compliqué, on ne nous fait rien payer, un vrai service public ! A la sortie, je laisse Manu sur un fauteuil roulant, avec les garçons, le temps que j’aille chercher Slowpy. Un homme nous interpelle et nous demande en bon français si nous avons besoin d’aide. Je demande où est la pharmacie la plus proche. Il est avec une amie qui est venue se faire soigner une vilaine coupure au doigt. Ils m’emmènent en voiture à la pharmacie et me ramènent à l’hôpital. Ça va, les Grecs ont l’air, eux aussi, sympas ! Zoé propose qu’on se gare sur le parking du LIDL près de chez elle. Ce n’est pas exactement le bivouac de nos rêves mais vu l’ambiance, ça fera l’affaire. L’impression de toucher le fond… Mais c’est sans compter sur son immense bonté : elle nous invite à dîner chez elle ! Elle nous a dit avoir cuisiné pour dix alors qu’elle est seule et elle se demandait justement avec qui partager ses légumes mitonnés avec du riz. Les injections faisant effet, Manu réussit à monter jusque chez elle.

Elle a aussi cuisiné plein de petits gâteaux traditionnels de Noël ces derniers jours. On se régale avec les melomacaronis : des noix et du miel qui fondent dans la bouche, huuuum ! Zoé est orthodoxe et nous apprend plein de choses sur sa religion. Plus de 200 jours par an, elle pratique une forme de jeûne : aucun aliment d’origine animale, de la tempérance, la non agressivité, l’absence de jugement et une parole juste… Tout cela fait grandement écho aux méditations forcées de Manu ces derniers jours… La vie sait placer sur notre route les anges gardiens qu’il nous faut quand il le faut…


Le lendemain, Zoé nous guide jusqu’aux gorges de la rivière Nestos. Un très joli sentier serpente entre la rivière et de hautes falaises. Il se poursuit sur quarante kilomètres jusqu’aux montagnes. Ca me démange les papattes. Ca sera pour une prochaine fois. Mon blessé récupère doucement, au chaud dans Slowpy, occupé à trier les photos pour préparer l’article sur la Turquie.
Puis on grimpe par une route en lacets vers deux monastères. On renonce au premier car une meute de chiens campe sur la piste. Zoé a été mordue il y a deux ans et a encore très peur. Ça m’agace de renoncer par peur. J’ai envie de prendre un bâton et d’y aller mais la peur a contaminé Noé. Les chiens errants semblent être une vraie problématique en Grèce. Les habitants sont nombreux à renoncer à aller se balader dans les forêts à cause d’eux mais les pouvoirs publics n’interviennent pas. Le deuxième monastère est fermé mais on peut entrer dans la cour. Zoé fait brûler des cierges pour nous.
A notre retour dans Xanthi, je pars en centre-ville avec les garçons, objectif : croquer notre premier gyros : un pain pita garni de viande, sauce blanche et crudités. Miam ! On passe la soirée chez Zoé, une amie à elle passe et du haut de son âge certain fait une démonstration de gym à Manu.


Le lendemain, je sors sur la pointe des pieds de bonne heure pour aller au marché avec Zoé. On y arrive un peu avant 9h et je me rends compte qu’à cette heure-là, les chalands sont encore en train de déballer. Ils sont moins matinaux qu’en France ! Je fais le plein de noix, noisettes, amandes et thé grec, le sidéritis.
Puis nous reprenons la route après avoir bu un dernier café avec Zoé. Elle nous offre un petit sapin de Noël et une mini-crèche pour Slowpy.

La Chalcidique et Sithonia

Notre objectif : être à Thessalonique aux environs de Noël. Nous avons l’embarras du choix pour les bivouacs des jours suivants.

La côte est magnifique : petites dunes, pistes et longues plages. Entre deux averses, on fait de belles balades dans le sable.

Joseph trouve un coquillage vivant et nous l’adoptons : il s’appelera Gudule, il nous tire la langue (ou plutôt le pied) dans son bocal, nous intrigue et nous surprend. Grâce à lui, on apprend plein de choses sur les bivalves.

Le 18 décembre est pluvieux et froid. Nous passons par les montagnes avant la neige. Nous traversons Arnéa et sommes étonnés par le nombre de restaurants de ce village loin de tout. Vu la météo, je décrète qu’il est temps de se mettre au chaud dans l’un d’eux. S’ensuit un repas de carnivores. La spécialité locale est la viande grillée : saucisses et souvlakis (brochettes).

Nous apprendrons plus tard, qu’Arnéa marque la mi-trajet pour les habitants de Thessalonique en route pour la mer et que l’arrêt restaurant est comme un rituel.


Le lendemain, nous commençons la visite de la Chalcidique : une région faite de trois presqu’îles montagneuses : une avec le Mont Athos (dont l’entrée est interdite à femmes et enfants – boycott !), puis Sithonia et enfin Kassandra la plus à l’Ouest. Sur la route de Sithonia, à Nikiti, nous succombons avec délice aux talents d’un pâtissier français (Tacoco).

Je savoure la tarte au citron tant rêvée, Manu et Joseph font dans le chocolat et Noé a rendez-vous avec un cœur aux fruits rouges. Même son pain se mange comme du gâteau ! Plus loin, un adorable menuisier nous offre un énorme sac de copeaux de bois pour nos toilettes sèches et un grand sac robuste pour en stocker dans la soute.

Sous un beau ciel bleu, nous avançons sur la presqu’île, paradis d’eaux turquoises et de montagnes avec vue sur le mont Athos qui reste pudiquement caché par les nuages.

Hélas, dès le lendemain, la grisaille est de retour, ce qui ne nous empêche pas de rêver : nous avons un gros coup de cœur pour une maison sur une petite colline ceinturée d’eau bleue.

On s’imagine vivre là avec Nadine et Jean-Marie qui vivent actuellement chez nous. Lui pourrait garer son bateau juste en bas, Nadine et moi irions nager, Manu cultiverait ses plantes médicinales sur les terrasses, les enfants grandiraient en Robinson… Comme nous repassons par Nikiti, nous retournons à la pâtisserie. Aymeric, le pâtissier est présent. Il est breton et son métier l’a fait beaucoup voyager. Il a même exercé sur un paquebot de croisière cinq étoiles. L’amour d’une grecque et la qualité de vie l’ont fait se poser ici.

Objectif « Noël à Thessalonique » maintenu !

Le lendemain, le ciel est encore plus bas, le froid plus mordant, l’humidité plus prégnante. On décide de fuir la Chalcidique en tournant le dos à Kassandra, envie de ville et de lumières ! Sur la route de Thessalonique, on trouve même de la neige ! Les enfants et moi sommes surexcités, Manu beaucoup moins, il voit le degrés de menace s’élever…. Quel beau cadeau d’avant Noël !

On a bien bricolé quelques décorations de Noël dans Slowpy mais loin de la famille et des illuminations, entre mer et plage, on avait du mal à se projeter dans la magie de Noël.
Le froid nous fatigue et n’aide pas Manu à récupérer de ses douleurs dorsales. En quelques clics, je dégotte une chambre d’hôtel pas chère à Thessalonique. Après 1h30 de galère, on finit par réussir à se garer sur le front de mer. Nous terminons le trajet en vélo et échouons à 22h dans un dortoir assez spartiate.

Qu’importe, il y a un radiateur bouillant et une douche chaude. Bonheur ! Les garçons s’endorment en dévorant deux livres sur la mythologie grecque et la Grèce antique achetés à la toute jeune librairie française Le Livre Ouvert. On vous recommande chaleureusement ce commerce !


Le vendredi 22, nous partons tous les quatre explorer à pied la ville de Thessalonique. Je suis aux anges car je craignais que Manu ne soit pas suffisamment remis de ses problèmes de dos.

Thessalonique est la deuxième ville et le deuxième port de Grèce après Athènes et le Pirée. Le centre-ville a été entièrement reconstruit après un grand incendie en 1917. La circulation y est dense jusqu’au centre et le front de mer bétonné.

Une longue piste cyclable et une belle promenade améliorent considérablement le bord de mer Nous l’abordons par les hauteurs, à la recherche des églises byzantines inscrites par l’Unesco sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité. On en profite pour comprendre la structure des églises byzantines. Il y en a une dizaine.

Les deux lieux saints que j’ai préférés sont d’une part Ossios David, katholikon de l’ancien monastère de Latomou où l’on peut voir une magnifique mosaïque d’un Christ assis sur un arc en ciel et d’autre part le monastère des Vlatadon, havre de paix toujours en activité d’où l’on a une vue magnifique sur toute la ville.

Il y avait là un chat incroyablement câlin qui a ravi les garçons. Manu lui a été touché l’église Agios Dimitrios qui comme son nom l’indique, abrite les reliques de Saint Dimitri, le Saint que Zoé aime particulièrement.

Manu y fera brûler un cierge pour Zoé. Vers 14h30, nous avons déjeuné dans un très bon restaurant (To Inglis) où trône une affiche en français de soutien aux républicains espagnols : escargots à l’ail, cèpes au fromage fumé, risotto, foie de veau grillé. Les grecs arrivent pour déjeuner quand nous finissons, fument et parlent fort. Nous ne sommes pas encore au rythme grec visiblement !

En fin d’après-midi, nous rencontrons Bruno, un Français qui vit ici avec femme et enfants. Le feeling est bon, il est agréable et intéressant. Rendez-vous est pris pour déjeuner ensemble le lendemain ! Samedi matin, nous allons aux marchés Modiano et Kapani : les étals de bouchers sont sanguinolents à souhait : tête de chèvres et carcasses pendues, billots de bois et coups de haches pour découper les carcasses…

Nous choisissons des brochettes de poulet pour notre réveillon de Noël le lendemain. Manu trouve chez un herboriste toutes les plantes dont il a besoin pour soigner ses intestins et son dos. Les Grecs utilisent beaucoup les plantes et les herboristeries sont nombreuses. Nous goûtons la bougatsa, pâte feuilletée à la crème servie tiède, un régal !


Puis nous retrouvons Bruno et sa petite famille. Nous passons un très bon moment avec eux et ils nous gâtent énormément avec un repas à la grecque : ils commandent plein de plats qu’on partage ! Riz au poisson, courgettes frites, saucisses, feuilles de vigne, purée de fèves, tzatziki, salade d’aubergines, fromage pané… Puis ils viennent visiter Slowpy. Leur garçon semble conquis 😉


Le dimanche 24, nous visitons le musée du tombeau de Philippe de Macédoine le père  d’Alexandre le Grand à Vergina. C’est un magnifique musée souterrain installé dans un tumulus reconstitué comme celui qui abritait les tombes retrouvées par les archéologues. On a été subjugués par l’incroyable beauté d’une couronne de feuille de chêne en or, d’une finesse incroyable. Il y aussi les armes du roi dans un état de conservation exceptionnel : armure, épée, cuirasse avec des boutons en tête de lion, bouclier… Les tombeaux eux-mêmes ressemblent à des petits temples. On s’est senti dans la peau de l’archéologue qui a fait cette découverte : le choc d’une vie pour lui !

Un noël avec le Mont Olympe !

Nous avons été très gâtés sur la route : une vue magnifique sur le Mont Olympe sous le soleil de fin d’après-midi. Zeus est resté caché dans les nuages au sommet, le Mytikas qui culmine à 2918m.


Nous voilà au réveillon de Noël tant attendu par les enfants. J’ai la sensation d’avoir déjà reçu beaucoup de cadeaux avec le voyage : rencontres, paysages, couchers de soleil, partages en famille… N’empêche, on a un pincement au cœur de voir nos familles fêtant Noël sans nous. Un beau moment Skype et Messenger nous permet de se relier à eux quelques minutes. Nous voilà prêts à nous réunir juste nous quatre autour du feu et de la marmite.

Nous sommes sur une très belle plage avec vue sur le Mont Olympe. Lentilles au lard au menu ! Nous partageons avec deux pêcheurs. En retour, ils nous offrent une bouteille de tsipouro maison, des pommes et des gâteaux pour les enfants. Partager, n’est-ce pas l’essentiel de ce moment ?

Une fois les petits couchés, nous préparons la table pour le lendemain matin : une vassilopita géante (nous apprendrons après que c’est le gâteau traditionnel du nouvel an) et tous les cadeaux cachés sous un drap de bain 😉


Le 25, nous ouvrons les yeux éblouis par un beau soleil !

Les cadeaux, les cadeaux !! : Chaussettes chaudes, bouillottes, pull tout doux, appareil photo, sifflets, montre, musique pour valser avec l’amoureux, musique grecque, presse-agrume, masque de plongée, cafetière turque et café… petit, utile et pratique quoi 😉

C’est un 25 à la page paradisiaque où on trouvera même le moyen de faire un cours de science, sur l’optique !

Menu du midi : nos brochettes au barbecue. On fait une photo qui nous servira de carte de voeux ! Nous nous endormons heureux.

 

Au pays de Chiron…on glane des fruits bons !

Le 26 nous mettons le cap sur le Pélion, péninsule au Nord d’Athènes. Nous découvrons que le 26 est férié en Grèce en voulant visiter le site de Dion et nous tombons par hasard sur une fête de village où l’on nous offre une assiette de gratons et de légumes.

Pour les orthodoxes, c’est apparemment le retour du gras et de l’animal dans leur régime. Un peu trop lourd pour nous … et la musique un peu trop forte, les Grecs aiment les décibels vraisemblablement.
Nous faisons une pause utilitaire à Larissa, objectif lessive, séance internet dans un café pour Manu, coiffeur pour moi et marché avec les garçons. Une virée efficace qui satisfait chacun. Nous récupérons 10kg de linge lavé, séché et plié en 2h pour 10€. J’arrive à faire comprendre à la coiffeuse ce que je veux et suis un peu surprise : ici on fait un premier shampoing, on coupe puis on relave puis on coiffe puis on met tout ce qu’on peut sur une tête : laque, gel, gomme. Certaines fument aussi. Et il y a le café bien sûr. Le marché est très agréable, beaucoup de fruits et légumes qui semblent sortis du jardin. Une mamie râle : Joseph et Noé goûtent toutes les olives de son étal comme ils s’étaient habitués à le faire en Turquie. Visiblement, ici, ça ne se fait pas, oups, pardon. Et Manu a eu son compte de temps seul.


Nous terminons l’année dans une région qui nous a totalement conquis : le Pélion, le pays des Centaures. Les copains nous ont prévenu, les routes montent et descendent raides et tournicotent bien ! Mais on a trouvé le truc pour franchir des sommets avec Slowpy : mettre le chauffage et la ventilation à fond et ouvrir grand les fenêtres. Le moteur chauffe un peu mais nous n’atteignons plus jamais le rouge avec cette technique 😉

Dans le Pélion, on a tout aimé : la nature généreuse (des kilos de kiwis, de pommes, d’oranges, de kakis, de citrons glanés dans des vergers abandonnés), une gastronomie alléchante (nous n’avons jamais retrouvé des saucisses égalant les fameuses spetzofaï), des paysages grandioses, des villages traditionnels bien conservés, vivants et accueillants autour de leurs places plantées de platanes millénaires (vous avez déjà fait un câlin avec un arbre de ce genre ? Nous oui, c’est totalement bouleversifiant).

Joseph nous a scotché dans un village, il y avait un centaure représentait sur le pavage de la place et il nous dit : « Oh c’est Chiron ! », trés honnêtement il était bien le seul à savoir qui était ce Chiron. Donc il nous a expliqué : le Centaure qui a entraîné Achille, Jason, Herakles, et d’autres… Et voilà, on le laisse lire on le laisse lire et voilà ce que ça donne ! Il s’instruit le bougre ! (Il dévore les Pearcy Jackson depuis plusieurs jours). Pour ce qui est de l’itinéraire, nous sommes d’abord montés à Makrinitsa, village typiquedu Pélion (vue à couper le souffle sur Volos) puis nous avons rejoint la côte Est par le col de Agrioleukes (arrêt bonhomme de neige), Zagora, Anilio (coopérative de femmes à ne pas rater pour faire le plein de confitures, miel, crisse marine, vassilopita, pâtes), Plaka, crique de Fakrista (un grand moment, on a cru qu’on n’en remonterait jamais tant la route était raide et sinueuse et ça nous a valu une nuit d’angoisse), Afissos et extrémité Sud du Pélion puis remontée jusqu’à Volos.

Un réveillon sur la plage… mythique !

Pour le 31, nous étions à nouveau sur une plage, à Afissos, autour de notre marmite pour une purée de citrouille accompagnée de spetzofaï.

On s’est gaiement enfumés avec de bois d’olivier et du romarin, on a dansé sur une playlist de valses et savouré les bulles d’un vin doux autrichien à l’abricot. Je m’étais auparavant livrée à mon rituel annuel : saluer l’année écoulée en marchant, le temps de remercier pour les bons moments et de saluer dame Nature qui nous accueille. Manu et Noé ont veillé un peu tout les deux, ça leur a fait du bien je crois.

 

Véro (et un soupçon de Manu)

La suite : Janvier en Grèce

Voir toutes les photos de la Grèce du nord

Relire la Turquie

Découvrir le côté obscur du voyage

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9 Mar

6 mois ! Episode 8

6 mois ! Episode 8 et fin

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. Six mois qu’on voyage à travers le continent.
Pour ce bilan, on a reçu toutes vos questions !
Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement.

Dans cet épisode (le dernier) :

  • Notre plus gros coup de foudre ?
  • Notre plus grande émotion ?
  • Notre plus belle colère ?
  • Notre plus belle galère ?
  • Notre image la plus colorée ?

C’est parti !

Notre plus gros coup de foudre ?

Véro : Mon amoureux 😉 Je suis heureuse de le re-rencontrer, de le re-découvrir, de remettre en cause ce que je croyais savoir de lui.
Sinon, des instants de grâce en communion avec la nature : de couchers de soleil incroyables, la neige en cadeau à Noël, les mouettes juste au-dessus de notre tête sur le bateau à Istanbul
Des rencontres : la mamie toute ridée dans le village perdu dans les montagnes roumaines, Nesligul en Turquie, Iliana en Roumanie…
Un seul gros coup de foudre, c’est pas possible quand tu cultives la pleine conscience ;))

Turquie Istanbul

Manu : Bien sûr, il y a plein de coups de foudre mais je vais jouer le jeu, le plus gros qui me vient tout de suite à l’esprit : Nesligül et ses amies. Une rencontre complètement dûe au hasard, en Turquie sur la route pour les Dardanelles, on s’arrête pour regarder comment se récoltent les olives et on fait la connaissance de Nesligül qui parle français et qui nous invite chez elle. Ses amies sont là, il n’y a que des femmes, venues l’aider pour la saison des olives. On mange, on boit, on parle politique, on rit, … Bref, j’étais bien. J’ai même oublié mon écharpe chez elle, un acte manqué pour se revoir certainement !

Turquie

Les autres coups de foudre : l’accueil de Francisco en entrant en Allemagne, Munich, Legoland avec les enfants, le concert d’orgue à Passau, l’aire de repos hallucinante à Etzinger Hügel, revoir toute la famille Heidecker en Autriche, monter au Traunstein, la vallée de la Wachau, les jardins de Tulln, Vienne (toujours), les kürtőskalács en Hongrie, revoir Alix à Budapest, rencontrer Julia et sa famille, le Szimplakert, les bains Szecheny, l’invitation de Robert le maître-nageur de Baja, notre marmite pour feu de camp, la rencontre avec Pierre-François à Belgrade, les montagnes roumaines, l’accueil de la famille de Robert l’étudiant ingénieur à Ostravu Mare, l’architecture des maisons paysannes du sud de la Roumanie, rencontrer Alain pionnier français en Roumanie, retrouver Céline à Bucarest et rencontrer sa famille, tous les moments avec le Cargot Voyageur, le delta du Danube, l’ancien casino de Constanza, la piscine d’eau chaude à Varna, Istanbul et les rencontres avec Arax et Harika, les Dardanelles et Troie, la rencontre avec Zoé à Xanthie, Sithonia en Chalcidique, la rencontre avec Bruno et sa famille à Thessalonique, le Pélion et son Spetzofaï, les sources de Thermopiles, toutes les rencontres avec des voyageurs (et ils sont nombreux !), Delphes, Athènes et la rencontre avec Clara et Marieke et celle avec Cécile et sa famille, la soirée avec A et J à boire de l’ouzo en attendant que le linge se lave, l’acoustique de l’amphithéâtre d’Epidaure, la baie de Voidokilia, l’entrée du stade mythique d’Olympie, le carnaval de Patras, la presqu’ile de Leucade et ses plages paradisiaques avec des sirènes, les Météores… et l’amour insondable de ma chérie…

Turquie

Notre plus grande émotion ?

Véro : Oulala, des émotions, il y en a des kilos !!!
L’émotion XXL, c’est quand on a perdu nos enfants en Bulgarie. Perdus perdus, avec l’appel aux secours où tu te retrouves à les décrire pour lancer l’avis de recherche, que tu hurles dans la forêt à t’en faire péter les cordes vocales et où tu pleures tout ce que tu peux quand tu les retrouves…
Hier, quand j’ai admiré l’immense vitalité de Noé
Chaque fois que j’échange un câlin avec Joseph.
Sur la montagne en Roumanie, tout était si parfait qu’on n’arrivait plus à redescendre.
Quand on a vécu comme une lune de miel en Turquie.

Manu : incontestablement quand on a perdu les enfants en forêt. Tu as l’impression que tout bascule, que le rêve se transforme en cauchemar. Et tu sens déjà le poids que tu auras à porter le reste de ta vie… et la joie immense de les revoir sains et saufs, de les serrer dans les bras, de leurs dire que tu les aimes et d’être fiers d’eux d’être restés solidaires et sensés.

Bulgarie slox and curious famille bouhier pillot

Notre plus belle colère ?

Véro : En Slovaquie quand j’ai crié tout ce que j’avais sur le cœur depuis trop longtemps à l’amoureux…
Et récemment quand j’ai hurlé qu’on ne me coupe pas la parole et que je veux une vraie place. Glups…
La colère sourde : marre de tous ces déchets… alors j’ai pris un sac et rendu sa noblesse à la plage qui nous hébergeait…

Manu : L’engueulade avant de rentrer en Slovaquie. Elle a servi pour tout le voyage… En colère sourde, l’armada anti-migrant en Bulgarie : barbelé, no-man’s land, milices privées, … L’Europe en plein délire paranoïaque…

Notre plus belle galère ?

Véro : Perdre les enfants en Bulgarie, bis.
Notre chauffage en panne. Jusqu’ici tout va bien, il fait chaud. (réparé le 20 février !!)
Trouver du gaz. Sauvés par nos copains du Cargot Voyageur !
La pierre coincée entre les deux roues jumelées à l’arrière droite. Défoncée à coups de marteaux par Manu et pneus sauvés !

Manu : dés les premiers jours de voyages : une clé de soute cassée, la pierre dans les roues jumelées, Slowpy qui grimpe le ballon d’Alsace en plus de 2h parce qu’il chauffe… Ensuite ça s’est calmé, jusqu’au 6 mois de voyage : chauffage en panne, plus de gaz, perte de gasoil, direction qui force,… Il y a eu aussi la pluie en Turquie qui a inondé la capucine et mon autre blocage du dos en arrivant en Grèce. Mais quasiment à chaque fois ça produit des chouettes rencontres comme les gardiens du parc à Istanbul ou Zoé à Xanthie.
Pas de trés grosse galère, ma plus belle est quand même le blocage du dos en Grèce.

Turquie

Notre image la plus colorée ?

Véro : Manu qui fait le gorille dans le métro de Bucarest.
Mon pantalon jupe à fleurs de paysanne turque
L’essai de déguisements avec Noé
Les tapis de fleurs sous les oliviers avec le ciel bleu en arrière plan
Moi qui imite la poule qui pond dans une épicerie roumaine, beau fou rire avec les deux femmes qui travaillaient là
Nos garçons habillés en rouge bleu vert jaune !
La table au resto à Thessalonique couverte de plats grecs !
Le carnaval de Patras

 

Manu : je ne sais pas quoi choisir..
Munich, ses Biergarten et la façade de l’Hôtel de Ville.
Les villages d’Autriche.
La vue à 360º en haut du Traunstein, emmenés par Frantz.
Les tableaux de Hundertwasser à Vienne.
Les cerf-volants en Hongrie.
Le Szimplakert à Budapest.
Les couchers de soleil sur le Danube.
Les soirées feu de camp.
L’automne dans les montagnes roumaines.
La table préparée par Iliana, la maman de Robert.
Les façades peintes des églises orthodoxes en Roumanie.
Les commerces de Turquie.
Les plages de Grèce.
Les premières fleurs de printemps en Grèce.
Le carnaval de Patras…

La plus colorée, c’est peut-être l’automne dans les montagnes roumaines…

la plus colorée

 

Fin du bilan des 6 mois !

Revoir les épisodes précédents :

Episode 1 : l’idée, le parcours

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

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8 Mar

6 mois ! Episode 7

6 mois ! Episode 7

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. Six mois qu’on voyage à travers le continent.
Pour ce bilan, on a reçu toutes vos questions !
Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement.

Dans cet épisode :

  • Comment c’est les copains / copines loin ?
  • Est-ce que ce voyage a changé votre vision de la vie et du monde ?
  • Est-ce que vous conseilleriez ce voyage à d’autres ?
  • Est-ce qu’il vous manque quelque chose de français ?

C’est parti !

« Comment c’est les copains / copines loin ? »

Véro : S’il y a une chose qui me manque, c’est les copains copines !!! Je n’ai pas besoin de voir mes ami-e-s tous les jours pour savoir qu’on s’aime. Mais bon sang, le nombre de fois où je voudrais me faire un resto avec l’un de vous pour papoter, aller se balader, boire une tisane, vous serrer dans les bras, m’asseoir dans un cercle de femmes !!! Il y a bien le téléphone, un petit coup de Messenger, un p’tit mail mais c’est pas pareil… Ceci étant, au dernier conseil de famille, ma demande a été de rencontrer des copines et j’ai été exaucée dans la semaine : j’ai rencontré une Canadienne et quatre françaises dont deux avec qui ça a vraiment bien collé !!

Manu : C’est sûr qu’ils me manquent ! Les bons repas arrosés, les discussions passionnées, les embrassades généreuses, les projets en commun parfois … Le voyage nous apporte aussi ses amis, des copains voyageurs, des hôtes qui nous accueillent, les copains qu’on retrouve à l’autre bout de l’Europe, je ne pensais pas que le voyage fournirait autant de rencontres. Heureusement, on a fait une grande fête avant de partir pour prendre notre dose d’amitié ! Et puis il y a la magie des réseaux sociaux qui permet d’être toujours en contact. Parfois, on a un petit pincement au coeur de ne pas pouvoir vivre tel ou tel événement avec eux, on se console en envoyant des petits mots !

groupe saut jour j

« Est-ce que ce voyage a changé votre vision de la vie et du monde ? »

Véro : Non, le voyage n’a pas changé ma vision de la vie et du monde. Le voyage m’a rapprochée de mes visions. Je me sens encore plus proche de l’essentiel, de ce que je veux, de ce et ceux que j’aime. Petite, je me rêvais en Nicolas Hulot (plus maintennat einh mais à l’époque Ushuaia c’etait du rêve en kilo!!) Le voyage nourrit la confiance à réaliser ce qui compte pour nous. Ça met aussi le doigt sur ce qu’il reste à faire sur cette Terre. En ce moment, je sature des déchets jetés partout jusque dans les endroits les plus beaux et reculés, les plus fragiles et les plus à protéger. Ce n’est plus possible de continuer comme si de rien n’était. Pour l’humain aussi. On prendra notre part pour accueillir, défendre… On le faisait déjà mais le voyage motive encore plus !

Manu : ma vision de la vie, peut-être. J’avais vraiment une culture sédentaire et un modèle de vie un peu rangée, certes avec des engagements forts mais aussi le confort matériel et la place d’une carrière. La vie nomade, même temporaire, bouleverse ce modèle. Elle nous questionne sur notre liberté. En discutant avec d’autres voyageurs, la liberté est une motivation forte de ce nomadisme moderne. La liberté était déjà importante pour moi, elle l’est davantage aujourd’hui et quand on voyage, on prend conscience à quel point elle peut être fragile, non pas forcément dans les pays qu’on traverse, mais aussi dans celui qu’on a quitté… Il est des chaînes qui se font passer pour des ailes… Des pièges qui se font passer pour des progrès…
Ma vision du monde n’a pas changé fondamentalement, j’en sais un peu plus sur les pays traversés, le rêve européen me paraît toujours un horizon souhaitable au delà de la politique libérale menée. Trop de frustrations et de tensions existent encore entre les peuples européens pour risquer autre chose qu’une union en Europe. Je pense particulièrement à la Hongrie où l’Europe devrait fournir un dépassement des frustrations des Hongrois qui ont encore le Traité du Trianon entre la gorge 100 ans après et je pense aux plaies encore suintantes de la guerre en ex-Yougoslavie, à Vukovar par exemple. Il y a quand même un pays pour qui j’ai changé de vision, c’est la Turquie. Avec Erdogan, je croyais que les turcs se repliaient sur eux même et tournaient le dos à leur culture laïque si particulière. Bien sûr en arrivant on voit tout de suite le poids de ce régime : le site Wikipedia n’est pas accessible ! Mais on rencontre aussi des gens trés accueillants, aidants, curieux, ouverts, nous n’avons pas senti de pression sur les femmes et la laïcité d’Atatürk est bien vivante dans le coeur des turcs.

 

 

« Est-ce que vous conseilleriez ce voyage à d’autres ? »

Véro : Ca serait aussi délicat que de conseiller à quelqu’un d’accoucher toute seule chez elle : je sais que c’est une aventure merveilleuse, comme voyager, mais que ça ne peut pas être imposé de l’extérieur et que ça arrive dans nos vies parce que ça doit arriver. Et puis je ne pourrais pas conseiller ce voyage. Chaque voyage est unique !

Manu : Même si quelqu’un faisait le même itinéraire, il ne ferait pas le même voyage. Un voyage, c’est des intentions, des attentes, des saisons, des rencontres, … Ce que je conseillerais, c’est d’abord de voir les voyageurs comme des amoureux de la liberté (parfois ils sont vus comme des « marginaux »…), ensuite d’imaginer son propre voyage et peut-être qu’un jour les conditions seront réunies pour prendre la route. Je ne conseille pas de faire un voyage au long cours, je le souhaite à tous !

 

« Est-ce qu’il vous manque quelque chose de français ? »

Véro : Les ami-e-s j’ai dit, et la famille !!!
Un bon saint Nectaire, une vraie baguette fraîche, une douche chaude, un bon lit, Minouchette notre chatte, nos activités…
Sinon, franchement, quand on suit un peu l’actualité, eh bien non, vraiment, non merci, on n’est pas pressés…

Manu : En plus de ce qu’a dit Véro, je rajouterai la vue de la chaîne des Puys (même si on l’a emmené avec nous dans notre logo…), une bouteille de gaz (pas d´uniformité européenne) et du pineau charentais (et pi du cognac aussi).

Les autres épisodes de la série :

Episode 1 : l’idée, le parcours

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

 

 

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7 Mar

6 mois ! Episode 6

6 mois ! Episode 6

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. Six mois qu’on voyage à travers le continent.
Pour ce bilan, on a reçu toutes vos questions !
Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement.

Dans cet épisode 6 :

  • Comment c’est les enfants dans si peu d’espace ?
  • Comment c’est les parents tous les deux tout le temps ?

C’est parti !

Comment c’est les enfants dans si peu d’espace ?

Véro : C’est horrible génial ! A vrai dire, on est peu souvent confinés dans le petit espace du camping-car. Pendant la route, ils s’inventent des aventures de dingue avec leurs doudous ou lisent. A l’arrêt, ils sont surtout dehors. Je trouve que la proximité les soude plutôt. Ton frère devient ton meilleur copain de jeux en voyage donc il vaut mieux être en bons termes. Je trouve qu’ils savent mieux accepter quand l’un d’eux dit « J’ai plus envie de jouer, j’ai envie d’être tranquille » Ils savent s’occuper seuls aussi. Dans si peu d’espace, le plus compliqué, c’est le rangement. Toujours remettre les choses à leur place, quand tu es dans ton monde de jeux, ça ne matche pas. Mais notre organisation en équipe a vraiment responsabilisé chacun. Ils ont leurs caisses perso pour leurs affaires. Non vraiment, la réponse qui me vient, c’est qu’on a jamais eu autant de place : hier des dunes, aujourd’hui une forêt, demain Olympie…
Avec les enfants, j’ai plus une difficulté d’espace mental. Par exemple, la marche me régénère. Quand je marche, mon esprit vagabonde vite, je m’envole vers d’autres cieux, je débranche. Et Noé, ce qu’il aime, c’est capter l’attention de l’adulte présent pour partager ses propres rêveries. C’est un supplice pour moi !! Je lui exprime et il tient 5mn. On progresse… et je m’octroie des temps de marche seule 😉
On apprend à organiser nos temps sans enfant. Ils se font un ciné dans la capucine et nous un film dans notre chambre par exemple.

J’aime vivre avec eux. J’ai parfois l’impression de m’offrir une deuxième enfance. En 10 ans, ils m’ont amenée à découvrir que j’ai des émotions et des limites et bien plus encore. Alors oui des fois je sature mais j’ai appris a prendre soin de moi. Et le temps file tellement vite que je vis comme une chance immense de vivre à leurs côtés chaque jour.

Manu : comment dire sans choquer ? … c’est l’enfer-au-paradis ! On répète les routines tous les matins et tous les soirs mais il y a encore des pieds sans chausson, des « trésors » dans mes affaires, des pyjamas pas rangés, des dents pas brossées, des chaussures qui trainent, des doudous en pagaille, les coudes trop envahissants à table, les batailles de pieds sous la table… Heureusement, on a résisté aux Lego, donc pas de Lego écrasé au réveil. Les trucs les plus difficiles, c’est les chamailleries « non-si », les moments de folie au moment de se coucher, les blocages devant les incompréhensions en maths ou en anglais, … la pédagogie est l’art de la répétition mais ce serait bien si les progrès venaient plus rapidement.
Mais les enfants dans si peu d’espace, c’est aussi les voir évoluer, travailler sur soi pour trouver des solutions non-violentes, jouer en famille, faire des câlins un peu n’importe quand, s’émerveiller devant leur inventivité, faire la cuisine ensemble,… Quand on peut se balader dans des grands espaces ou quand ils peuvent jouer avec des enfants de leur âge, ils sont plus sereins, moins en tension, des moments de grâce ! J’ai emmené dans mes livres à lire un bouquin sur les décisions absurdes, en fait ça traite de la fiabilisation des systèmes humains. Dedans j’ai trouvé des trésors pour réussir ou pas trop foirer la vie commune dans un espace retreint où les facteurs humains peuvent avoir une influence décuplée et faire prendre de mauvaise décision ou des comportements contre-productifs. C’est très utile pour savoir quand est-ce qu’on est en train de s’engouffrer dans un travers et sur quels principes bâtir une organisation fiable. Et devinez quoi ?! …. c’est la coopération qui permet la fiabilité ! Avec le principe de non-punition des erreurs et l’intégration des facteurs humains.

Serbie

Comment c’est les parents tous les deux tout le temps ?

Véro : Pour les parents, c‘est un beau challenge ! Ca m’a demandé de lui laisser une place parce que clairement au début, il y avait un trio Joseph/Noé/ moi et à côté papa. On a pris conscience assez rapidement du fonctionnement dans lequel on était !!! Maintenant, on parle de nos désaccords et c’est vraiment passionnant. « Quand tu as dit …., je me suis sentie…. Et j’aimerais que…. » « Qu’as-tu voulu dire… ? » « Ah ça non, je ne peux pas te laisser lui parler comme ça… » Le plus délicat, c’est certainement, devant l’enfant, de montrer ouvertement un désaccord. On explique alors ce qu’on ressent sans juger. « Papa pense que…, je pense que… toi tu veux… quel compromis satisfait tout le monde ? » On essaye d’être démocratique, à l’écoute. On apprend à calmer nos émotions pour pouvoir parler plus tard. Sauf que pouvoir parler juste entre nous deux, c’est pas gagné. On est beaucoup tous les quatre, le soir je m’endors hyper vite et tôt et le matin, c’est lui qui n’est pas réveillé quand moi j’ai tout à raconter et les idées claires. Face à un même comportement, papa et maman ne réagissent pas du tout pareil. Notre ligne rouge n’est pas au même niveau ni sur les mêmes choses. Du coup, parfois, je me dis « Mais qu’est-ce qu’il a à s’énerver comme ça ?? » et vice versa… On a embarqué avec nous le livre « Ecouter pour que les enfants parlent et parler pour que les enfants écoutent » de A. Faber et E. Mazlich et on l’ouvre de temps en temps pour se ressourcer, se réaligner sur nos intentions d’éducation bienveillante. Ce qui nous fait du bien aussi, c’est de varier : passer du temps avec un seul enfant en tête à tête, partir seul avec les deux, affirmer notre besoin d’une soirée en amoureux et les laisser gérer leur soirée…Et on essaie de ne pas atteindre le moment où ils nous sortent par les yeux pour prendre soin de nous !!

Manu : Vivre ensemble tout le temps c’était un des trucs qui me faisait le plus peur avant de partir. Peut-être parce qu’on a souvent peur de ce qu’on ne connaît pas. Le franchissement du Rubicon du voyage pour moi ce fut la frontière Slovaque. Symboliquement, c’était la limite au delà de laquelle c’était l’aventure, la vie nomade, l’autre chose, l’inconnu, le déraisonnable, bref un bon petit sac de noeuds dans mon esprit. J’étais insupportable car tout m’insupportait, les enfants et leurs comportements d’enfants, la chérie, tout… Dans le contexte du voyage ça ne dure pas longtemps, ça explose vite, les crises ne restent pas longtemps à l’état de larve… Donc grosse engueulade, j’ai reçu mes 4 vérités et l’électrochoc m’a remis en état de marche. Enfin pas tout de suite, je me suis d’abord bloqué le dos à ne plus pouvoir sortir du lit… A partir de ce moment, la vie à 2 tout le temps n’est que félicité et béatitude… Non je rigole. Disons, qu’on apprend à ne pas mettre de l’huile sur le feu, à comprendre le besoin de l’autre qui est à la source de sa colère petite ou grande, à chercher à profiter de ce voyage… On a quelques rôles déterminés, ça aide à trouver une place pour chacun : Véro pilote, je co-pilote à la carte et aux manoeuvres, elle s’occupe plutôt du français et moi des maths et des sciences, je fais les feux de camp, le reste est à tour de rôle. Le voyage permet d’avoir des rapports plus égalitaires. Les règles de vie communautaire sont plus claires, voire écrite, ça change pas mal de choses. Les 4 accords Toltèques et les 4 vertus cardinales, répétées comme des mantras m’aident à m’adapter à la vie familiale.
C’est sûr que ce voyage nous a rapproché, on réalise un rêve ensemble, on découvre des pays et des cultures ensemble, on profite de la vie ensemble, les liens s’affermissent. Je parle davantage avec elle sur mes états d’âme. Le voyage est une sacrée expérience pour le couple.

Les autres épisodes de la série :

Episode 1 : l’idée, le parcours

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

 

 

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6 Mar

6 mois ! Episode 5

6 mois ! Episode 5

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. Six mois qu’on voyage à travers le continent.
Pour ce bilan, on a reçu toutes vos questions !
Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement.

Dans cet épisode :

  • Est-ce que les enfants profitent de cette expérience comme vous l’avez rêvé, imaginé ?
  • Les gars sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce qu’ils apprécient cette parenthèse dans leur vie ?
  • Est-ce que les copains et la famille leur manquent ?
  • Mais où sont passés les cheveux de Noé ?
  • Est-ce que vous vous sentez bien dans cette vie de nomade ?

C’est parti !

« Est-ce que les enfants profitent de cette expérience comme vous l’avez rêvé, imaginé ? »

Vero : Au départ, il y a un idéal éducatif et politique : montrons leur le monde loin des clichés entretenus par les médias et vivons une expérience familiale qui nous rapproche ! Rapprochons les de la nature et de la simplicité. Semons enfin en eux la curiosité qui les guidera toute la vie.
Ca c’est les idéaux hein… parce que dans les faits, ça ne marche pas à tous les coups : « Hein, quoi, on va visiter encore un truc ? » « On est obligés là d’aller se balader ? » « Ah si on avait un four, dix ordis, trois jaccuzis et un 4X4 !! »
Mais il y a un truc qui nous a épatés les premiers mois : leur incroyable capacité à s’adapter à tout !
Et il y a des moments de grâce où on prend conscience de tout ce qu’ils ont découvert, appris, expérimenté.
Bon, ils profitent aussi de nos coups de gueule, de nos coups de déprime, de nos doutes et stress divers et variés et parfois, on se dit « Oh les pauvres ! » C’est toute la richesse d’une vie à quatre à haute dose : ils savent que l’adulte n’est pas monobloc mais un être ordinaire de chair et d’émotion en chantier permanent !

Manu : j’avais pas trop idéalisé comment ils allaient profiter du voyage. Biensûr j’espérais qu’il trouve un intérêt aux visites, aux randos, qu’ils se mettraient à l’instruction avec entrain et soif d’apprendre. Globalement c’est bien le cas, ils ont bien aimé Schönbrunn, le musée du Danube, le delta du Danube, le palais de Topkapi, les sites grecs… C’est plutôt sur l’instruction où parfois c’est difficile de les motiver. Je trouve qu’ils profitent  du voyage à leur manière, dans les rencontres avec les autres enfants, dans les collections d’objets inutiles élevés au rang de trésor inestimable, dans les histoires incroyables qu’ils s’inventent en faisant un mélange du voyage, de leurs lectures, des films… A travers leur voyage, je revis la façon dont je profitais des voyages quand j’étais enfant : pêcher en Mazurie, chercher de l’or en Norvège, ramasser de l’ambre à Gdansk, lécher les parois d’une mine de sel… pour eux j’avais déjà ça en tête donc ils en profitent comme je l’avais imaginé.

Bulgarie Slow and curious famille bouhier pillot

« Les gars sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce qu’ils apprécient cette parenthèse dans leur vie ? »

Véro : Notre vie est leur normalité en fait. Ils éprouvent des grandes joies et des frustrations, des déceptions, des colères, des tristesses. Je ne sais pas comment mettre ça sur une échelle qui permettrait de déterminer s’ils sont les plus heureux du monde. Ça me dépasse autant que le concept de meilleur ami. J’aime chacun-e de mes ami-e-s pour qui il est mais je me verrais mal en mettre un au top du top pour en faire mon-ma meilleur-e ami-e.
On essaie de faire en sorte qu’ils aient une bonne estime d’eux-mêmes, qu’ils connaissent leur propre valeur, qu’ils croient en leurs rêves. On sème et on espère qu’ils s’envoleront bien équipés.
Et puis je ne crois pas que ce voyage soit une parenthèse dans leur vie. C’est des souvenirs et des expériences pour la vie !

Manu : Les plus heureux du monde peut-être pas mais heureux oui. Je pense qu’ils se sentent bien dans ce genre de vie, Joseph peut lire à foison, Noé peut s’inventer ses histoires abracadabrantesques, on change de paysage tous les jours, ils ont papa et maman tous les jours. Bon des fois c’est peut-être pas drôle papa et maman et ils aimeraient bien avoir des copains pour avoir des échanges d’enfants… J’ai pris conscience dans ce voyage que la relation enfant-adulte pouvait être aussi stressante pour eux que pour moi… Les codes ne sont pas les même, les finalités ne sont pas les mêmes… on est presque devant une problématique d’interculturalité ! C’est aussi pour ça qu’on essaie de rencontrer des familles francophones : pour qu’ils aient leur dose de relation enfant – enfant.

 

« Est-ce que les copains et la famille leur manquent ? »

Véro : Oui, régulièrement ! Noé imagine souvent ce qu’il fera avec ses copains au retour. Joseph a des coups de cafard, de mal du pays et a tendance à se replier. On l’invite à écrire à ses copains mais il n’ose pas. Pour Noël, ils étaient drôlement contents de voir grands-parents et cousin-e-s via Skype et Messenger. Ils se sont sentis privés de cette fête. Noé a eu très peur de ne pas avoir assez de cadeaux et Joseph était dégoûté de ne pas pouvoir jouer avec ses cousins. Noé parle souvent de sa mamie championne de confitures et de tartes et de son papi qui fait le meilleur riz jaune au poisson qu’il connaisse.
En revanche, on a tous méga progressé dans l’art de faire des rencontres et maintenant on réussit à se donner rendez-vous avec d’autres voyageurs. Ils ont alors de beaux moments de jeux avec des camarades éphémères qu’on retrouvera peut être un jour. Des copains copines de tous les âges avec qui ils partagent des chouettes aventures !

Manu : rien à rajouter. Joseph nous demande parfois est-ce qu’on peut ouvrir la boîte mystère en cas de mal du pays que nous ont offerte des copains…

« Mais où sont passés les cheveux de Noé ? »

Véro : On a passé deux jours de rêve à la source chaude de Thermopyles en décembre, dans un eau ultra calcaire et soufrée. Noé s’est retrouvé les cheveux tout emmêlés et terriblement rêches. On a mis beaucoup d’huile de coco pour venir à bout des nœuds mais les cheveux restaient tout sec. Alors la semaine suivante, en passant devant un coiffeur à Athènes, il a dit « C’est ok, je suis prêt, je veux les couper » On avait tellement peur qu’il regrette ! En même temps, ses cheveux étaient vraiment massacrés. La coiffeuse était top, adorable ! Il a su lui dire exactement ce qu’il voulait! Une nouvelle tête. Il était canon avec ses belles boucles blondes et est maintenant canon avec sa coupe façon Asaaf Avidan.

« Est-ce que vous vous sentez bien dans cette vie de nomade ? »

Véro : C’est le oui qui me vient malgré les moments de galère ! J’adore changer de vue tous les jours, être en mouvement, sur la route. J’adore avoir moins de biens matériels et vivre bien. J’adore le ménage fait en 10mn. J’adore être plus dehors et me balader et visiter. On est heureux de glaner des fruits, se réjouir des cadeaux de la vie. On apprend beaucoup sur nous-même et sur le monde. Parfois, quand on se balade de nuit en ville et que je vois à l’intérieur des maisons éclairées, j’ai un petit pincement au cœur. J’ai envie de mon chez moi, d’inviter du monde, de me pelotonner dans un canapé, de retrouver la routine. Mais ça ne dure pas ! A long terme, je crois que ce qui nous manquerait, ça serait d’avoir une utilité sociale.

Manu : de mieux en mieux je dirais. Le début n’a pas été facile pour moi. C’est plus le fait de me retrouver h24 avec des enfants alors que mon quotidien était un monde d’adulte. Certains comportements d’enfants sont considérés comme de l’agression ou de la provocation quand ils sont faits par un adulte. On a beau le savoir, le vivre quelques heures par jour et le week end, ce n’est pas la même chose que tout le temps. Ce n’est pas le manque d’espace ou le fait de changer tout le temps d’endroit qui a été difficile, c’est la vie avec 2 enfants. Maintenant ça va mieux, j’arrive même à rire des pitreries de Noé !
Il y a toujours un sentiment bizarre, comme un cafard, quand on quitte un endroit où on est resté plusieurs jours parce qu’il faut reprendre la route pour avancer ou parce que l’événement est terminé. Dans ces moment-là, c’est étrange de reprendre la route. Mais la route est méditative, les pensées voyagent et on est déjà dans le prochain lieu.
Voir le monde, avoir une majorité de rencontres de qualité, prendre le temps de se cultiver (au sens de la culture et au sens de prendre soin de soi), c’est plutôt chouette comme vie. A Budapest, on a rencontré notre première famille de fulltimer (ceux qui vivent en nomade), maintenant je comprends pourquoi ils font ce choix, pourquoi ils renoncent à une maison et une carrière. Le goût de la liberté, minimiser les contraintes, remplir sa vie de belles choses, … Personnellement, j’ai besoin de liberté mais aussi de me sentir utile à une communauté, participer à l’Histoire (à mon échelle restons humble), construire le monde d’après, ce qui est plus simple dans la sédendarité.

Les autres épisodes de la série :

Episode 1 : l’idée, le parcours

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

 

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Vous avez remarqué ? Il n’y a pas de pub sur notre blog ! Si vous aimez ce qu’on fait, si vous rêvez avec nos mots et nos photos, si on vous apporte un peu de chaleur et de soleil, vous pouvez participer à la cagnotte Leetchi !

5 Mar

6 mois ! Episode 4

6 mois ! Episode 4

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. Six mois qu’on voyage à travers le continent.
Pour ce bilan, on a reçu toutes vos questions !
Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement.

Dans cet épisode 4 :

  • Apprentissages scolaires : programmés de façon régulière ou amenés selon le quotidien ?
  • Avez-vous établi une journée type, une semaine type ou vous laissez vous porter par les occasions ?

C’est parti !

« Apprentissages scolaires : programmés de façon régulière ou amenés selon le quotidien ? »

Véro : Au Cap Ténare, on a passé un bon moment à parler d’une suite d’instruction en famille. On s’est toujours posé des questions sur leurs besoins, sur la possibilité d’apprendre autrement et on a de plus en plus envie d’une vie qui leur permette de nourrir leurs passions, se construire, buller et rêver, relationner avec plein de gens différents… Et finalement, ce sont nos propres peurs qui bloquent (peur de ne pas trouver un équilibre avec le travail majoritairement et peur d’être isolés) Et puis, Noé peut encore faire deux belles années dans l’école qu’il a intégré six mois avant le départ et qui nous a réconciliés avec l’école. We’ll see ! En attendant, au début, on avait deux élèves habitués à répondre à des consignes mais peu chercheurs et encore moins autonomes. Ils ne sautaient pas en l’air en disant « Oh oui, j’ai hâte d’apprendre !! » Ca va mieux aujourd’hui. Ils ont par exemple dévoré tout ce qu’ils pouvaient sur la mythologie sans qu’on s’en rende compte ou presque et nous en apprennent long quand on visite des sites archéologiques. Pour la partie formelle, je prépare pour chaque période le programme de maths et français. Je n’invente rien. Le sommaire de leurs manuels scolaires a tout prévu, j’ai juste à répartir dans le calendrier. Ils font environ 1h30 de français les lundis et mardis et 1h30 de maths les mercredis et jeudis. Tout le reste, histoire géo, anglais, histoire de l’art, sciences, on les appelle les extras et on essaie d’en faire une séance par jour. Ils écrivent tous les jours et on enregistre des reportages sur les pays traversés. Et puis il a y a les moments de grâce comme la rencontre avec le papi Jean-Paul qui leur a fait un cours de géométrie avec des cadres en bois. Et la vie tout simplement : observer les coquillages, la course du soleil, les étoiles, la lune, le feu allumé par la loupe, un changement de pneu, une graine qui germe, l’empire austro-hongrois au château de Schönbrun et l’empire ottoman comme à Istanbul… On a inventé des duos pour les tâches quotidiennes donc ils assurent aussi en cuisine, balayage, vaisselle… Bref, quand on a reçu le courrier pour une inspection, on s’est dit qu’on était à peu près dans les clous. Mais d’inspection il n’y aura point car en août, il n’y a pas d’inspecteur et là on est à la plage.
PS : tout de suite, Noé a fait une immense spirale en pâte à modeler. Il est en train de spontanément compter la longueur de pâte à modeler, transformer mètres en cm, faire un plan pour une prochaine réalisation, observer ce qui se passe s’il enlève 5 cm de vert mais ajoute 10cm de bleu…. Il fait des photos, demande si ça se vendrait dans une galerie d’art…Voilà, apprendre en liberté, c’est ça ;)))

Manu : les « extra » sont moins programmés, c’est à l’envie et selon les opportunités du voyage. Il faut aussi apprendre à ne pas trop en faire, des fois on a envie de leur apprendre telle ou telle chose parce qu’on la croise à ce moment-là mais pour eux c’est pas le moment… Mais globalement ça marche, le voyage fournit les occasions de faire de l’Histoire et de la Géo, les gars font une fiche par pays traversé ; mais aussi de la science : dessin d’un bivalve, dynamique des flux au musée du Danube, l’atome, les ions, les électrons avec la rouille, les plantes et les animaux rencontrés, …
Il faut arriver à synthétiser les apprentissages glanés sur le parcours pour en garder une trace. Et puis il y a la rédaction d’articles pour le blog où on essaie de leur apprendre à structurer un texte.

« Avez-vous établi une journée type, une semaine type ou vous laissez vous porter par les occasions ? »

Véro : Un peu des deux ! On s’est vite rendu compte que si on ne prend pas le temps de faire maths et français le matin, ça passe à la trappe. Donc, réveil, gym (mélange de Qi Gong, yoga, abdos et pompes) petit-déjeuner, école une heure ou deux puis on est libres… de chercher de l’eau, vider les toilettes sèches, faire les courses, rouler, chercher un nouveau bivouac… Début janvier, on a aussi mis en place un rythme semaine/weekend. Le weekend, les gars nous rejoignent sous la couette pour ronronner ensemble mais plus en semaine. On avait besoin de retrouver du temps juste pour nous le matin et aussi de démarrer la classe avant 11h. Ca doit faire halluciner plein de voyageurs qui ne savent même plus quel jour on est. Nous on est encore dans le calendrier et les heures. On a envie de profiter à fond de chaque journée et de réaliser tout ce qui nous tient à cœur. On a rédigé une day check list dont on parle chaque soir : aujourd’hui, ai-je réalisé un apprentissage parmi les extras ? Ai-je pris le temps de chouchouter mon corps ? Ai-je exprimé ma gratitude ? Ai-je rendu un service pour le plaisir ? Ai-je écrit mes trois petits bonheurs ? Et le dimanche, il y a conseil de famille : on exprime à tour de rôle ce qu’on a bien aimé depuis le dernier conseil, ce qui nous a déplu, ce qu’on demande, ce pour quoi on a de la gratitude et on termine par un gros câlin. Manu et moi vérifions aussi qu’au cours de la semaine, nous avons bien eu notre moment de temps solitaire sans contrainte.
Mais tout ça est régulièrement bouleversé par de belles rencontres, du temps passé avec des copains, la météo, les visites… et on retrouve ensuite nos rituels avec plaisir !

Manu : oui il y a un type pour la journée et la semaine mais ça sert plutôt de repère pour faire un peu chaque jour : un peu d’école, un peu de sport, un peu de route, un peu de visite, … Il faut un minimum pour ne pas trop procrastiner mais pas trop pour laisser une place au hasard, aux opportunités surprises, à l’incertitude.
Avant qu’on parte je disais que j’avais besoin d’une journée à moi par semaine où je n’ai pas de compte à rendre à la communauté sur l’utilisation que je fais de ce temps. On n’a pas mis en place cette journée et du coup ma soupape de sécurité explosait parfois. Depuis quelques semaines on essaie de mettre en place 1/2 journée par adulte. Quand on y arrive ça améliore grandement l’ambiance générale.
Les programmes ou les rythmes ça peut paraître barbant mais ça donne un élément déclencheur pour passer à l’action. Par exemple, pour l’anglais, on a constaté qu’on en faisait pas assez alors on a décrété que le samedi serait le jour de l’anglais. Ou encore, Véro était agacée par les réveils au ralenti où on commence la journée à 11h alors j’ai remis un réveil pour reprendre un rythme et répondre au besoin de Véro. Le réveil me rappelle non seulement l’heure mais aussi symboliquement l’importance pour Véro d’un lever qui permet de profiter de la journée.
Pour les rencontres, nous avons mis quelques trucs en place pour les faciliter : les peintures sur Slowpy, poster des messages sur les groupes facebook de francophones et puis sentir, répondre à son intuition. Au début c’est pas si facile, on a tendance à dire non, à ne pas oser adresser la parole ou demander, on se dit qu’on va déranger. A un moment donné, je me suis dit qu’il fallait apprendre à dire oui. C’est comme ça qu’on a accepté l’invitation de Robert, maître-nageur à la piscine de Baja, qu’on a rencontré une famille en Roumanie, qu’on a passé 3 jours sympas chez Nesligul en Turquie, qu’on s’est laissé choyer par Zoé à Xanthi et encore plein d’autres rencontres.

 

Les autres épisodes de la série :

Episode 1 : l’idée, le parcours

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

 

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Vous avez remarqué ? Il n’y a pas de pub sur notre blog ! Si vous aimez ce qu’on fait, si vous rêvez avec nos mots et nos photos, si on vous apporte un peu de chaleur et de soleil, vous pouvez participer à la cagnotte Leetchi !

4 Mar

6 mois ! Episode 3

6 mois ! Episode 3

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. Six mois qu’on voyage à travers le continent.
Pour ce bilan, on a reçu toutes vos questions !
Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement.

Dans cet épisode 3 :

  • Est-ce que vous pensez un peu au retour ? Vous vous préparez? Ça vous effraie ? 
  • Comment avez-vous géré le chargement du camping-car ?

C’est parti !

« Est-ce que vous pensez un peu au retour ? Vous vous préparez? Ça vous effraie ? »

Véro : Non, on ne va pas rentrer !!!!!
Je plaisante.
Un voyage d’un an, c’est six mois de préparation, six mois d’extase et un compte à rebours de six mois. Pas tout à fait mais il y a de ça !! D’ailleurs, on a rencontré des voyageurs qui sont déjà partis un an avec date de retour fixe et cette fois-ci, ils voyagent sans date de retour pour ne pas revivre le compte à rebours…
Donc oui, on se prépare au retour !
Je me suis élancée au pas de courses sur le boulevard du début d’année. J’adore les débuts d’année, c’est comme une page blanche à écrire ! Je me suis mise à visualiser, imaginer, ambitionner tout ce que je voulais pour le retour. Et rapidement, bourrée d’excitation, d’assurance et de joie, j’ai vendu tout le paquet à l’amoureux. Il n’avait plus qu’à signer pour notre futur d’abondance avec un travail pour moi, plus de temps pour lui à la maison et quelques travaux pour faire deux chambres aux garçons au grenier et un vrai bureau et une chambre d’amis en bas. Eh bien figurez-vous qu’il a ses propres désirs et projets !!! Ça m’a sciée net dans ma course tête baissée… Je l’ai complètement bousculé dans son futur. Il a des idées d’activités qui nourriraient davantage son être mais son emploi actuel d’ingénieur territorial est hyper sécurisant. Cogitations cogitations… Alors pour passer ce cap plus sereinement, on a commencé à dessiner trois arbres : chacun le sien avec en racines ce qui concerne nos besoins de santé et bien-être et des branches pour porter nos souhaits de réalisation sociale, familiale et professionnelle, nos envies d’apprentissage et de loisirs, puis au centre un arbre commun pour que chacun visualise ce qui est important pour l’autre et ce qui nous relie. Confiance ! Parce que oui, le retour, ça se prépare. Il y a 16 ans, j’ai voyagé en Inde et au retour, perdue entre petites, grandes et moyennes casseroles, entre vêtements d’hiver et d’été, j’ai failli tout laisser en cartons pour retourner au Bengladesh épouser un homme qui avait besoin de papiers pour émigrer. … (Pardon Ishti, c’était plus compliqué que prévu cette histoire de papiers… et merci parce que c’est un peu grâce à toi que j’ai rencontré mon mari en devenant bénévole dans une association d’aide aux migrants)
On réfléchit aussi à notre habitat futur. Ces deux dernières années, on a eu la chance de vivre à plusieurs à la même adresse et c’est une expérience qu’on aimerait continuer. A moins qu’on ne revende tout pour partir dix ans avec un âne ? Ou émigrer au Québec ? Ou au soleil de Grèce ? Ou partir en bateau avec Jean-Marie ?
Un autre projet se dessine mais… chut ! Ça prend forme tout doucement, c’est fou et normal à la fois, c’est comme dans un rêve et très réel…
Et surtout, pour avoir envie de rentrer, on imagine une fête, forcément 😉
Donc, il y a des moments où on angoisse un maximum et d’autres où on est zen. Le tout est de rester dans le moment présent tout en plaçant ses intentions pour le futur 😉 Et observer les enfants qui eux sont pleinement dans l’ici et maintenant ! Mon mantra du moment est « Un pas à la fois ».

Manu : J’ai commencé à y penser quand on est arrivé au Delta du Danube, la fin de la 1ère partie du voyage. On est là, au bout du Danube avec la mer en face, c’est fini le Danube, il faut rentrer… Ensuite la Turquie a réenchanté le voyage, j’aurai bien continué à la découvrir. La nouvelle année puis le cap Ténare, le plus point le plus au sud de notre périple, et enfin les 6 mois de voyage font que nous prenons conscience que nous sommes sur le retour. On ne peut s’empêcher de penser à la suite. Sur le chemin on a rencontré une autre famille de voyageur, Camille et Michaël rentrent plus tôt que nous, en parler avec eux m’a fait du bien.
Je suis à la fois dans l’après-voyage et à la fois dans le prochain voyage ! Comme on n’a pas visité le nord, j’espère bien qu’on reparte pour compléter notre tour d’Europe !
Quand je vais revenir au travail, je ne sais pas quel poste m’attend, mais un poste m’attend. Au pire, ce sera une transition pour autre chose, au mieux une nouvelle source de réalisation. Je me prépare aussi à m’organiser pour que Véro puisse vivre ses projets. Je ne sais pas ce que vont devenir les miens. J’ai beaucoup d’idées mais je suis plutôt dans une phase de décantation en ce moment.
Je pense aussi à ce que je voulais faire ou apprendre pendant ce voyage et que je n’ai pas encore fait, il reste 6 mois !

«Comment avez-vous géré le chargement du camping-car ? »

Véro : On avait une possibilité de chargement d’environ 400kg. Une fois comptés les passagers, l’eau et le gaz, il restait peu de capacité !!! La fin du chargement a été assez rocambolesque !! On s’était par exemple fixé la limite de dix livres chacun et on a bien ri en découvrant qu’on en avait tous glissé au moins cinq de plus dans les coins… La liseuse qu’on aurait dû acheter dès le départ nous a rejoints fin janvier via des copains de copains voyageurs en Grèce. Et puis l’ultime pesée à la coopérative agricole du coin a été sans pitié : nous étions encore trop lourds. Alors on a viré un passager une bouteille de gaz (deux jours de galère pour se réapprovisionner en Grèce), une perceuse (en Roumanie on nous en a prêté une pour poser une serrure) et d’autres outils. J’étais confiante dans le fait que l’aventure commence justement quand tu tombes en panne ou que tu as besoin de quelque chose. Les garçons ont embarqué très peu de jouets. Ce qui marche le plus chez nous : les doudous avec lesquels ils s‘inventent des kilomètres d’histoires ! La pâte à modeler aussi plus les feutres, le papier, le scotch. Et puis ils jouent tout le temps dehors avec trois bouts de bois, les cailloux, le sable… Et sont régulièrement nostalgiques des Legos et de l’ordinateur pour jouer à Minecraft. Ils avaient chacun une tablette mais celle de Noé est décédée en novembre. Il a reçu un appareil photo pour Noël et la tablette ne lui manque pas vraiment. La tablette restante leur sert à regarder les C’est pas Sorcier, quelques dessins animés et pour le dictionnaire. On privilégie les jeux de société. On a emporté un stock de vêtements qui nous permet de tenir un mois sans lessive. Sauf quelques chaussettes et sous-vêtements lavés quand on a de l’eau au bivouac. On a offert à des petits Roms les vêtements trop petits et racheté en route des chaussettes pour les pieds qui ont poussé. On a de la vraie vaisselle. On ne manque de rien vraiment. Slowpy est une maison sur roue où on se sent bien. Enfin ce matin, Manu était braisé de ne pas pouvoir se déplacer à son aise. C’est vrai que l’espace est réduit à quatre !! Tu peux facilement être assis sur les toilettes à contempler le dos de celui qui fait la vaisselle à 30 cm de toi ou voir ton clavier d’ordi côtoyer les petits légumes sur la planche à découper. Alors on s’est inventé au fil du temps nos petits espaces perso : un bout de placard, un coin d’étagère… Il a aussi fallu inculquer « Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place ».donc imaginer des rangements adaptés à tous, identifiables et fonctionnels. La soute est notre bête noire. On ne peut y accéder que par l’intérieur en rampant avec la frontale. Sympa quand tu veux juste un fauteuil pour profiter des derniers rayons de soleil. Ah mince, le soleil est couché… L’écureuil qui vit parmi nous a dû se plier à une règle drastique : « un seul bout de bois à bord » mais on retrouve régulièrement des cailloux, des coquillages, des capsules de bière et autres trésors exceptionnels…. Et le tiroir des couverts se retrouve immanquablement rempli de « trucs-qui-peuvent-servir » ;)))

Manu : Y en a partout… On a considérablement augmenté les rangements de Slowpy. Des caisses au-dessus de la table, des caisses sur les parois, des caisses sur les sièges, des caisses dans les WC, des caisses dans le cockpit … Maintenant je sais jouer à tétris à 4 pattes dans une soute remplie les yeux fermés.

 

Les autres épisodes de la série :

Episode 1 : l’idée, le parcours

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

 

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3 Mar

6 mois ! Episode 2

6 mois ! Episode 2

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. Six mois qu’on voyage à travers le continent.
Pour ce bilan, on a reçu toutes vos questions !
Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement.

Dans cet épisode 2 :

  • Avez-vous fait tout le programme de votre voyage ? Comment choisit-on le temps passé dans chaque endroit pour rester dans les temps prévus à la base ?
  • Comment vous êtes-vous préparés au départ ?

C’est parti !

« Avez-vous fait tout le programme de votre voyage ? Comment choisit-on le temps passé dans chaque endroit pour rester dans les temps prévus à la base ? »

Véro : Sur ce point-là, j’ai un outil très pratique : mon ingénieur de mari ! Il avait judicieusement défini les repères géographiques à franchir par rapport au défilement des saisons. Ça n’est jamais facile de savoir si on reste là où on est une nuit ou deux ou trois parce qu’il faut aussi avancer. C’est un tiraillement récurrent. Jusqu’à la mer Noire, on a avancé sans trop traîner parce qu’on sentait le froid arriver. En Grèce en ce moment, on fait beaucoup plus souvent des toutes petites étapes et on reste plus facilement posés deux ou trois nuits de suite sur une belle plage. Puis la bougeotte nous reprend !
Nous n’avions pas de programme très précis. Nous lisons les guides de voyage au fur et à mesure. Et nous recevons plein de suggestions de visites et de lieux à travers les rencontres avec d’autres voyageurs ou la lecture de blogs et pages Facebook. Et nous fonctionnons beaucoup au feeling, ce qui nous vaut quelques belles pistes et des virages que nous n’oublierons pas 😉 Sans oublier la boussole que nous utilisons pour se trouver des bivouacs avec soleil levant pour vite se réchauffer le matin (le top étant le bivouac avec coucher ET lever de soleil)
Nous avons eu un gros coup de cœur pour la Turquie et nous y sommes restés plus longtemps que prévu. On est allés explorer le détroit des Dardanelles qui nous intriguait sur la carte.
En ce moment, on est dans le Péloponnèse. C’est magnifique mais là on vient de visiter un Magne particulièrement désertique et vide d’habitants si bien qu’on a envie de tracer à nouveau, direction Kalamata pour nos diverses réparations puis direction Patras pour le carnaval.
C’est chouette de faire en fonction des ressentis, de l’humeur des troupes et de la météo !

Manu : Alors là, franchement j’ai tout délégué à Véro ! Non seulement parce qu’elle est diplômée dans le tourisme et qu’elle adore éplucher les guides de voyage. Plein de copains nous en ont prêté avant de partir (merci à eux) et on a acheté ceux qui nous manquaient. Mais aussi parce que j’avais déjà fort à faire pour organiser le largage de mes amarres autant professionnelles qu’associatives. J’avais juste deux ou trois exigences : aller voir la famille Heidecker en Autriche, revoir Vienne et passer par des capitales.
Au début, j’avais souhaité continuer avoir une activité lucrative pendant le voyage. La perspective de vivre complétement sur les réserves amassées depuis tant d’années m’était particulièrement difficile. C’était pour les coups durs ou les études des petits, pas pour un voyage… Alors j’avais imaginé qu’on fasse un e-boutique pour vendre en ligne les produits d’artisanat découverts pendant le voyage en faisant des stations de 15 jours. Mais quand j’ai vu le temps nécessaire avec une autre aventure de e-boutique, ça ne marchait pas avec le voyage. Donc abandon de ce projet.
Pour établir un programme, il faut d’abord poser des jalons. Ce qui influe beaucoup, c’est la date de départ. En partant fin juillet, on réduit le temps disponible avant les mois froids. 1er jalon : être à Noël en Grêce (passer l’hiver au chaud). A partir de ce repère, on définit à la louche une période pour des étapes intermédiaires mois par mois. Ensuite, chaque week end, on planifie la semaine suivante. Ce qui a influencé le temps passé à chaque endroit, c’est la météo, les rencontres, notre état physique et notre état d’esprit, la beauté ou non des lieux, les recommandations …

« Comment vous êtes-vous préparés au départ ? »

Véro : Je dirais qu’il y a trois plans de préparations: administratif, matériel et affectif.
Pour les deux premiers, un peu de bon sens et de lecture de blogs avisés font l’affaire. Les gros morceaux, c’est faire sa lettre au travail pour dire « au revoir Président », écrire à l’inspecteur d’académie pour lui dire qu’on va se débrouiller nous-même pour l’école, acheter le véhicule de ses rêves avec le moins d’argent possible pour en avoir encore pour le voyage, acheter les guides de voyage (d’occasion à Emmaüs, ça marche !) ou se les faire prêter (c’est fou tous les copains qui voyagent !!) Savoir aussi ce qu’on va faire de la maison. On a reçu deux « oui » qui ont été comme des feux verts dans nos têtes : notre maison est habitée par notre amie Belge Nadine. On lui confiait déjà la maison à chaque fois qu’on partait en vacances depuis quelques années. Au fur et à mesure, son rêve de s’installer en France a grandi. On lui a tout naturellement proposé de tester sur une longue durée. Et jeune retraitée, elle a sauté le pas de mettre en location son appartement bruxellois et de quitter tous ses repères pour vivre chez nous. J’en suis encore toute épatée. Le deuxième « oui », c’est celui de Jean-Marie. Il s’était installé dans notre gîte quelques mois auparavant et nous annoncé un beau jour qu’il était ok pour rester jusqu’à notre retour. Ces deux-là sont nos ange-gardiens, on a une immense gratitude à les avoir dans notre vie ! Les deux maisons vivent, chat et poules sont bichonnés, notre courrier est relevé et on peut continuer à rembourser notre emprunt.
Manu me rappelle qu’il avait aussi fait un rétro-planning des tâches à effectuer mois par mois et un WBS à J-26 avec check-list et planning. Le genre de truc que je ne sais absolument pas faire et qui nous avait déjà permis d’organiser notre mariage presque les doigts dans le nez.
Mais revenons-en à la préparation affective : pour partir en juillet 2017, je dirais qu’on a commencé à être brassés en janvier. Je m’imaginais (oui, j’ai une imagination débordante et galopante) qu’on allait passer des heures à bouquiner ensemble, à réfléchir ensemble, à rêver ensemble yeux dans les yeux… Ah ah ah, mes espoirs de symbiose fusionnelle en ont pris un coup ! Pour lui, les six mois pré-départ, ont consisté en un impressionnant marathon fait d’épreuves pour se désengager de tout ou presque de ce dans quoi il était (sur)engagé en dehors de son travail. Des journées au travail et des nuits à préparer son évasion pendant que je ramais à porter le reste (enfants, courses, maison…) J’ai même cru que j’allais finir par partir toute seule tellement il avait l’air pris dans une toile d’araignée. A cette époque, je rêvais tous les jours de pouvoir mettre tout le monde dans Slowpy et de partir dans l’instant ! Je culpabilisais aussi d’avoir des coups de déprime alors qu’on se préparait pour une aventure dont beaucoup rêvent. Restée à peu près centrée sur ce qui compte pour moi m’a sauvée. J’ai pris le temps d’appeler et de voir les copines de mon cœur, sensation de faire le plein pour un an, plus un peu plus de yoga et de balade, l’écriture… Je suis aussi partie une semaine pour jeûner et randonner. J’avais fait du tri à la maison, désencombré, c’était mon tour de me nettoyer et me détacher. Avec du recul, je me dis qu’à cette étape de la préparation, il est utile de clarifier ses intentions, ses envies, sa vision du voyage. Par exemple, lui il imaginait tenir une eboutique d’artisanat local trouvé en route, continuer à faire vivre sa première eboutique Shop&Coop tout en participant à distance à la vie de l’Atelier Logement Solidaire et bien sûr en profitant à 200% du voyage, en tenant le blog et la page Facebook. Et moi, j’aspirais juste à vivre tous les quatre un autre rythme, découvrir l’Europe, passer du bon temps, écrire pour le blog. Ses idées correspondent à un besoin et mon besoin est différent même si nous avons des aspirations communes. Si on n’en parle pas, il y a des chances que ça pète au bout de quelques kilomètres non ? Heureusement, depuis la naissance des garçons, on a acquis quelques compétences de communication positive et bienveillante qui nous sauvent régulièrement.

Manu : Comme expliqué plus haut, je me suis reposé sur Véro pour préparer ce projet. L’important au début c’est de visualiser, prendre une carte et imaginer des parcours, se voir en situation, … Voir le visionboard de Véro tous les jours me motivait et m’encourageait dans les changements que j’avais à opérer. J’ai utilisé quelques outils de conception de projet pour ce voyage. Dans un premier temps on a donc échangé sur nos attentes, nos visions, une sorte de cahier des charges fonctionnel. Ensuite, il y a eu une longue période sur le choix du camping-car et sa préparation. En même temps, j’ai dû trouver un autre président pour l’association, modifier la structure pour lui éviter toutes mes responsabilités, recruter une directrice (rigolo quand on a jamais été directeur soit même…), finir l’accompagnement de mon apprenti au travail, préparer le passage de témoin à celui qui reprenait les travaux de l’aéroport… Et faire la révolution culturelle dans ma tête, pour cela j’ai pu bénéficier de rencontres régulières avec un coach du changement. Doucement mais sûrement, ça m’a permis d’avoir des temps de respiration pour réfléchir à tout ça. Enfin, pour être sûr de partir à la bonne date, histoire de ne pas être tentés par un petit glissement de planning (très pratiqué dans ma profession), on a convié copains et famille pour nous dire au revoir et faire une grosse fête. A ce moment-là, comme il ne fallait pas se louper et que j’avais réussi à me rendre disponible, j’ai sorti les outils de gestion de projet pour que tout soit fin prêt…
Au final, il a juste fallu faire demi-tour le jour du départ parce que j’avais oublié mon portable à la maison… J’adore qu’un plan se déroule sans accroc…

Les autres épisodes de la série :

Episode 1 : l’idée, le parcours

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

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Vous avez remarqué ? Il n’y a pas de pub sur notre blog ! Si vous aimez ce qu’on fait, si vous rêvez avec nos mots et nos photos, si on vous apporte un peu de chaleur et de soleil, vous pouvez participer à la cagnotte Leetchi !

 

2 Mar

6 mois ! Episode 1

6 mois ! Episode 1

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. On a encore le cœur rempli de la belle fête de départ, une fête comme on les aime avec vos bouilles d’amour, vos bonnes recettes et des bouteilles qui vont bien. Mais on ne retrouve plus de confettis (portant il y a avait la dose !!!) Et toutes vos confitures et bouteilles qui nous ont fait un temps ressembler à une épicerie ambulante, ont disparu depuis belle lurette.
Pendant la semaine encadrant ce moisiversaire de voyageur, nous avons découvert chaque matin une nouvelle avarie. : explosion d’un bouchon de gasoil, chauffage qui rend l’âme, crevaison, direction récalcitrante, panne de gaz… J’ai trouvé ça merveilleusement métaphorique : quelle direction prendre ? Encore de l’énergie ? Comment se bichonner avant de péter un câble ? S’en remettre au soleil pour se chauffer sans craindre le lendemain… Notre motivation à continuer a été bien testée. Alors, assise au volant, un beau matin, j’ai crié : « On the road again ? « Et la foule en délire m’a répondu « Oh yeah, on the road again !!! »
Et puis cerise sur le gâteau, on a reçu toutes vos questions !
On poste plein de photos paradisiaques sur la page Facebook. On écrit sur le blog. Je me dis qu’on participe à la fabrique de rêves parce qu’on vous épargne le côté sombre : coups de gueule, grosses déprimes et remises en questions, épuisement, lassitude, stress… Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement et illustrer avec des photos vraies aussi (notre intérieur en bazar, des aliments pas que bio…) C’est parti !

Dans cet épisode 1 :

  • Comment a germé l’idée du périple ?
  • Comment avez-vous fait pour l’élaboration du circuit ?

« Comment a germé l’idée du périple ? »

Véro : En 2006, amoureux tout frais, on avait épinglé une carte d’Amérique du Sud dans le salon. Un jour, on partirait explorer ces contrées en vélo. On est allé jusque dans les Gorges du Verdon d’abord, avec un vieux tandem de 1936 et une remorque Michelin. Puis est arrivé Joseph. On a ajouté une carriole derrière le tandem. Noé nous a rejoints. On est alors allés pédaler en Autriche. On s’est installé : une maison, des poules, un gîte… On fait notre part de colibri : associations de protection des migrants, et développement de la parentalité respectueuse. Mais, au matin de nos dix ans d’amour : j’ai dit « Tu te souviens, on avait dit qu’on partirait. Alors, c’est quand qu’on va où ? » Parole donnée est sacrée ! En marchant dans les Alpes, en août 2016, on a commencé à rêver. J’avais ce rêve de partir à pied de la maison. Pas de candidats. Avec un âne ? Non plus. A vélo ? Non. La majorité voulait plus de confort. J’ai écumé les annonces de camions aménagés, du bus au vieux Mercédès. Camping-car, ok mais pas un gros truc blanc de beauf avec parabole pour rester scotché sur les parkings !! Et pour la destination, on était tous d’accord pour l’Europe. Allons voir près de chez nous comment on vit, qu’est-ce qu’on mange, comment c’est fait…
PS : Mea culpa… Mon idée du bidochon de parking a évolué. Il y a toutes sortes de camping-caristes, des jeunes, des vieux, des familles, des solitaires, des claniques… et on fait de très belles rencontres ! Les deux qui m’ont le plus épatée/émue, ce sont un Danois de 82 ans dans un engin motorisé presque plus identifiable et Jean-Paul, un papi français qui a pris la route quand sa moitié est décédée au tout début de leur retraite.

Manu : Je ne vais pas vous le cacher, c’est surtout dans la tête de l’amoureuse que ça a germé… Moi, c’était plutôt de l’ordre de ces rêves qui restent rêves… Je dois encore avoir des restes de manque de confiance en soi… Quand j’étais lycéen j’avais l’idée ou le rêve de faire le tour des capitales européennes en train mais je n’ai jamais osé, je ne me le suis jamais permis. Il y a bien des épisodes dans cette jeunesse qui auraient pu être assez forts pour que je me lance dans un voyage au long cours mais non, je n’ai jamais osé, pas pour moi, pas sérieux, trop cher, pas assez fort en anglais ou en allemand, pas légitime, dans la vie faut souffrir… on s’invente ou on trimballe toujours plein de barrières… Pourtant, mes parents m’avaient initié aux voyages en fourgon aménagé : Pologne, Scandinavie, Ecosse, … Bref, j’ai pas l’initiative et ma chérie est venue titiller un vieux rêve : un tour d’Europe !
Certes, au début je me suis posé plein de question au sujet de mon travail, de mes engagements, est-ce vraiment sérieux de mettre tout ce qui me tient à cœur et où je me suis investi entre parenthèses ? J’ai même pu bénéficier d’un coach en changement pour me faire progresser dans l’idée que oui, c’était sérieux… J’ai pris petit à petit conscience que j’avais besoin d’air frais, de vivre ou d’apprendre à vivre avec ma famille, de m’investir pour mon couple et ma famille, d’apprendre à lâcher prise. J’ai pris ce voyage comme une initiation à l’acceptation de l’incertitude.
Heureusement que Véro est là pour me faire vivre mes rêves enfouis !

« Comment avez-vous fait pour l’élaboration du circuit ? »

Véro : Le circuit, c’est Slowpy qui en a décidé ! Slowpy, comme slow et happy, c’est notre camping-car. On a eu un véritable coup de coeur pour lui et Michel et Isabelle qui le vendaient. Il avait un petit côté roulotte avec son intérieur tout en bois, son papier peint kitsch, sa vierge lumineuse… Quand on l’a essayé, en janvier 2017, on s’est regardé, le sourire aux lèvres, en se disant qu’à ce rythme-là, on ne verrait jamais le Cap Nord. Il était rouillé et cogné juste ce qu’il fallait pour ne pas avoir peur de le griffer dans les chemins, 80 chevaux pour 3,5 tonnes, pas d’électronique, pas de douche, 60l d’eau pour alimenter l’unique robinet d’eau froide, un frigo qui sert de placard… Je me disais qu’il était le véhicule parfait pour se débrancher de notre vie ordinaire, pour être plus proche de la nature et vivre dans nos corps la simplicité. On lui a tout de même rajouté un chauffage (après une nuit en Auvergne en février particulièrement glaciale) et un panneau solaire.
Nous avons alors lancé le projet slow and curious : moins de kilomètres que ce qu’on avait imaginé au départ (adieu Angleterre, Irlande, Islande, Scandinavie, Lettonie, Estonie, Lituanie et Pologne) mais plus de temps de vie zen sur un itinéraire calé sur les saisons. Et pas trop de montagnes vu qu’on ne peut pas les franchir à plus de 20km/h. Donc, nous avons suivi le Danube de sa source en Allemagne jusqu’à son delta (Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie et Roumanie) puis avec le froid, descente vers Istanbul par la Bulgarie, long séjour de trois mois au soleil de Grèce et fin février, remontée par l’Albanie, la Macédoine, le Kosovo, le Monténégro, la Bosnie, Croatie, Slovénie et Italie) Arrivée à la maison en juillet.

Manu : Au début, on imaginait faire une sorte de 8 : traverser l’Europe continentale, passer par les pays baltes, monter au Cap Nord, descendre par les îles Britanniques, retraverser l’Europe continentale pour rejoindre les côtes méditerranéennes… Véro avait accroché une carte au-dessus de son bureau, les grandes lignes étaient tracées, elle avait collé ensuite plein de mots et d’images positives façon visionboard. Et puis, on a regardé de plus près, imaginer des dates, poser des jalons, mis des Post-It sur la carte. Verdict : ça faisait beaucoup de kilomètres à faire. Trop. L’idée de s’arrêter un an n’était pas vraiment compatible avec un voyage qui se transforme en course contre la montre. Alors il a fallu tout repenser… Et Slowpy est arrivé !
Au début, mon copain Hervé nous a pas mal aidé pour y voir clair dans le choix d’un camping-car et surtout dans la critique de ce qu’il y a sur le marché de l’occasion. Mon père aurait été rassuré qu’on parte avec un véhicule neuf, ou récent. Moi aussi au début, je ne voulais pas me retrouver à faire le tour d’Europe des garagistes donc on a cherché. En bon ingénieur, j’ai fait une grille multicritère pondérée à logarithmes expansés et intégrales exponentielles de nombres complexes (cherchez pas : la deuxième partie ne veut rien dire)… Mais je voyais bien que la belle n’était pas emballée par les résultats de mon ingénieuse analyse pourtant douée des plus beaux atours mathématiques… Elle voulait un vieux truc, qui fasse pas riche-sur-roues, un truc de hippie mais pas punk-à-chien, ni fan-de-Johnny-en-vacances (RIP). Ah !… les critères de ma grille, c’était plutôt l’année de 1ere circulation, la puissance moteur, l’encombrement, le test d’étanchéité, le dernier contrôle technique, le prix, la capacité en eau, le capacité de chargement, une liste à la Prévert… Slowpy n’aurait pas passé les épreuves discriminantes de ma grille… Mais voilà, il faut bien dire que l’argent qu’on ne mettait pas dans le véhicule, on l’avait pour le voyage ; pas d’électronique et ancienne mécanique veut dire réparable partout et il y a un critère que j’avais oublié : le coup de foudre. Slowpy est lent, tant mieux finalement, il est plutôt pas mal agencé, il m’a permis d’oser des trucs en carrosserie que j’aurais jamais fait sinon, on peut se permettre de peindre sur lui, on ne craint pas trop pour lui quand on s’engage sur des pistes… Et en plus maintenant, on a trouvé le truc pour qu’il ne chauffe plus dans les côtes ! Alors Slowpy a effectivement été déterminant pour l’élaboration du circuit : des plaines et des côtes maritimes ! Donc le Danube (super, j’aime ce fleuve mythique qui traverse l’Autriche, pays que j’affectionne particulièrement), la côte de la Mer Noire (wahoo, c’est le Far East !) et les côtes méditerranéennes (idéales pour passer l’hiver au chaud ou en tout cas pas au froid).

Les épisodes suivants :

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

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Vous avez remarqué ? Il n’y a pas de pub sur notre blog ! Si vous aimez ce qu’on fait, si vous rêvez avec nos mots et nos photos, si on vous apporte un peu de chaleur et de soleil, vous pouvez participer à la cagnotte Leetchi !

2 Mar

6 mois ! Episode 1

6 mois ! Episode 1

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. On a encore le cœur rempli de la belle fête de départ, une fête comme on les aime avec vos bouilles d’amour, vos bonnes recettes et des bouteilles qui vont bien. Mais on ne retrouve plus de confettis (portant il y a avait la dose !!!) Et toutes vos confitures et bouteilles qui nous ont fait un temps ressembler à une épicerie ambulante, ont disparu depuis belle lurette.
Pendant la semaine encadrant ce moisiversaire de voyageur, nous avons découvert chaque matin une nouvelle avarie. : explosion d’un bouchon de gasoil, chauffage qui rend l’âme, crevaison, direction récalcitrante, panne de gaz… J’ai trouvé ça merveilleusement métaphorique : quelle direction prendre ? Encore de l’énergie ? Comment se bichonner avant de péter un câble ? S’en remettre au soleil pour se chauffer sans craindre le lendemain… Notre motivation à continuer a été bien testée. Alors, assise au volant, un beau matin, j’ai crié : « On the road again ? « Et la foule en délire m’a répondu « Oh yeah, on the road again !!! »
Et puis cerise sur le gâteau, on a reçu toutes vos questions !
On poste plein de photos paradisiaques sur la page Facebook. On écrit sur le blog. Je me dis qu’on participe à la fabrique de rêves parce qu’on vous épargne le côté sombre : coups de gueule, grosses déprimes et remises en questions, épuisement, lassitude, stress… Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement et illustrer avec des photos vraies aussi (notre intérieur en bazar, des aliments pas que bio…) C’est parti !

Dans cet épisode 1 :

  • Comment a germé l’idée du périple ?
  • Comment avez-vous fait pour l’élaboration du circuit ?

« Comment a germé l’idée du périple ? »

Véro : En 2006, amoureux tout frais, on avait épinglé une carte d’Amérique du Sud dans le salon. Un jour, on partirait explorer ces contrées en vélo. On est allé jusque dans les Gorges du Verdon d’abord, avec un vieux tandem de 1936 et une remorque Michelin. Puis est arrivé Joseph. On a ajouté une carriole derrière le tandem. Noé nous a rejoints. On est alors allés pédaler en Autriche. On s’est installé : une maison, des poules, un gîte… On fait notre part de colibri : associations de protection des migrants, et développement de la parentalité respectueuse. Mais, au matin de nos dix ans d’amour : j’ai dit « Tu te souviens, on avait dit qu’on partirait. Alors, c’est quand qu’on va où ? » Parole donnée est sacrée ! En marchant dans les Alpes, en août 2016, on a commencé à rêver. J’avais ce rêve de partir à pied de la maison. Pas de candidats. Avec un âne ? Non plus. A vélo ? Non. La majorité voulait plus de confort. J’ai écumé les annonces de camions aménagés, du bus au vieux Mercédès. Camping-car, ok mais pas un gros truc blanc de beauf avec parabole pour rester scotché sur les parkings !! Et pour la destination, on était tous d’accord pour l’Europe. Allons voir près de chez nous comment on vit, qu’est-ce qu’on mange, comment c’est fait…
PS : Mea culpa… Mon idée du bidochon de parking a évolué. Il y a toutes sortes de camping-caristes, des jeunes, des vieux, des familles, des solitaires, des claniques… et on fait de très belles rencontres ! Les deux qui m’ont le plus épatée/émue, ce sont un Danois de 82 ans dans un engin motorisé presque plus identifiable et Jean-Paul, un papi français qui a pris la route quand sa moitié est décédée au tout début de leur retraite.

Manu : Je ne vais pas vous le cacher, c’est surtout dans la tête de l’amoureuse que ça a germé… Moi, c’était plutôt de l’ordre de ces rêves qui restent rêves… Je dois encore avoir des restes de manque de confiance en soi… Quand j’étais lycéen j’avais l’idée ou le rêve de faire le tour des capitales européennes en train mais je n’ai jamais osé, je ne me le suis jamais permis. Il y a bien des épisodes dans cette jeunesse qui auraient pu être assez forts pour que je me lance dans un voyage au long cours mais non, je n’ai jamais osé, pas pour moi, pas sérieux, trop cher, pas assez fort en anglais ou en allemand, pas légitime, dans la vie faut souffrir… on s’invente ou on trimballe toujours plein de barrières… Pourtant, mes parents m’avaient initié aux voyages en fourgon aménagé : Pologne, Scandinavie, Ecosse, … Bref, j’ai pas l’initiative et ma chérie est venue titiller un vieux rêve : un tour d’Europe !
Certes, au début je me suis posé plein de question au sujet de mon travail, de mes engagements, est-ce vraiment sérieux de mettre tout ce qui me tient à cœur et où je me suis investi entre parenthèses ? J’ai même pu bénéficier d’un coach en changement pour me faire progresser dans l’idée que oui, c’était sérieux… J’ai pris petit à petit conscience que j’avais besoin d’air frais, de vivre ou d’apprendre à vivre avec ma famille, de m’investir pour mon couple et ma famille, d’apprendre à lâcher prise. J’ai pris ce voyage comme une initiation à l’acceptation de l’incertitude.
Heureusement que Véro est là pour me faire vivre mes rêves enfouis !

« Comment avez-vous fait pour l’élaboration du circuit ? »

Véro : Le circuit, c’est Slowpy qui en a décidé ! Slowpy, comme slow et happy, c’est notre camping-car. On a eu un véritable coup de coeur pour lui et Michel et Isabelle qui le vendaient. Il avait un petit côté roulotte avec son intérieur tout en bois, son papier peint kitsch, sa vierge lumineuse… Quand on l’a essayé, en janvier 2017, on s’est regardé, le sourire aux lèvres, en se disant qu’à ce rythme-là, on ne verrait jamais le Cap Nord. Il était rouillé et cogné juste ce qu’il fallait pour ne pas avoir peur de le griffer dans les chemins, 80 chevaux pour 3,5 tonnes, pas d’électronique, pas de douche, 60l d’eau pour alimenter l’unique robinet d’eau froide, un frigo qui sert de placard… Je me disais qu’il était le véhicule parfait pour se débrancher de notre vie ordinaire, pour être plus proche de la nature et vivre dans nos corps la simplicité. On lui a tout de même rajouté un chauffage (après une nuit en Auvergne en février particulièrement glaciale) et un panneau solaire.
Nous avons alors lancé le projet slow and curious : moins de kilomètres que ce qu’on avait imaginé au départ (adieu Angleterre, Irlande, Islande, Scandinavie, Lettonie, Estonie, Lituanie et Pologne) mais plus de temps de vie zen sur un itinéraire calé sur les saisons. Et pas trop de montagnes vu qu’on ne peut pas les franchir à plus de 20km/h. Donc, nous avons suivi le Danube de sa source en Allemagne jusqu’à son delta (Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie et Roumanie) puis avec le froid, descente vers Istanbul par la Bulgarie, long séjour de trois mois au soleil de Grèce et fin février, remontée par l’Albanie, la Macédoine, le Kosovo, le Monténégro, la Bosnie, Croatie, Slovénie et Italie) Arrivée à la maison en juillet.

Manu : Au début, on imaginait faire une sorte de 8 : traverser l’Europe continentale, passer par les pays baltes, monter au Cap Nord, descendre par les îles Britanniques, retraverser l’Europe continentale pour rejoindre les côtes méditerranéennes… Véro avait accroché une carte au-dessus de son bureau, les grandes lignes étaient tracées, elle avait collé ensuite plein de mots et d’images positives façon visionboard. Et puis, on a regardé de plus près, imaginer des dates, poser des jalons, mis des Post-It sur la carte. Verdict : ça faisait beaucoup de kilomètres à faire. Trop. L’idée de s’arrêter un an n’était pas vraiment compatible avec un voyage qui se transforme en course contre la montre. Alors il a fallu tout repenser… Et Slowpy est arrivé !
Au début, mon copain Hervé nous a pas mal aidé pour y voir clair dans le choix d’un camping-car et surtout dans la critique de ce qu’il y a sur le marché de l’occasion. Mon père aurait été rassuré qu’on parte avec un véhicule neuf, ou récent. Moi aussi au début, je ne voulais pas me retrouver à faire le tour d’Europe des garagistes donc on a cherché. En bon ingénieur, j’ai fait une grille multicritère pondérée à logarithmes expansés et intégrales exponentielles de nombres complexes (cherchez pas : la deuxième partie ne veut rien dire)… Mais je voyais bien que la belle n’était pas emballée par les résultats de mon ingénieuse analyse pourtant douée des plus beaux atours mathématiques… Elle voulait un vieux truc, qui fasse pas riche-sur-roues, un truc de hippie mais pas punk-à-chien, ni fan-de-Johnny-en-vacances (RIP). Ah !… les critères de ma grille, c’était plutôt l’année de 1ere circulation, la puissance moteur, l’encombrement, le test d’étanchéité, le dernier contrôle technique, le prix, la capacité en eau, le capacité de chargement, une liste à la Prévert… Slowpy n’aurait pas passé les épreuves discriminantes de ma grille… Mais voilà, il faut bien dire que l’argent qu’on ne mettait pas dans le véhicule, on l’avait pour le voyage ; pas d’électronique et ancienne mécanique veut dire réparable partout et il y a un critère que j’avais oublié : le coup de foudre. Slowpy est lent, tant mieux finalement, il est plutôt pas mal agencé, il m’a permis d’oser des trucs en carrosserie que j’aurais jamais fait sinon, on peut se permettre de peindre sur lui, on ne craint pas trop pour lui quand on s’engage sur des pistes… Et en plus maintenant, on a trouvé le truc pour qu’il ne chauffe plus dans les côtes ! Alors Slowpy a effectivement été déterminant pour l’élaboration du circuit : des plaines et des côtes maritimes ! Donc le Danube (super, j’aime ce fleuve mythique qui traverse l’Autriche, pays que j’affectionne particulièrement), la côte de la Mer Noire (wahoo, c’est le Far East !) et les côtes méditerranéennes (idéales pour passer l’hiver au chaud ou en tout cas pas au froid).

Les épisodes suivants :

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

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